Reprise de l’école et des transports : la France (très ?) en retard
Depuis le déconfinement le 11 mai, tous les écoliers n’ont pas repris le chemin de l’école. Seulement 35,6% d’entre eux à Paris ont retrouvé leur salle de classe, contre 26% au total en France. Les effectifs ont été réduits pour accueillir un premier groupe sur deux jours, constitué de 15 élèves maximum, puis le reste du groupe les deux jours suivants. Pour respecter les recommandations du Conseil Scientifique, le déjeuner est pris en classe, chacun à sa table, assuré ou non par les services de cantines, en fonction des établissements.
Les efforts déployés pour permettre le retour à l’école sont cependant soumis à la mobilisation des enseignants, quand on sait qu’environ 40 000 professeurs de l’Education nationale n’ont pas assuré leurs fonctions durant le confinement.
Pourcentage d’enseignants de retour en classe au déconfinement | |
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France | 55 % en écoles primaires 60% en collèges / lycées |
Allemagne | 75 % |
Pourcentage d’élèves de retour en classe au déconfinement | |
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France | 26 % |
Allemagne |
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Autriche | 90 % |
L’Allemagne a montré une stratégie plus efficace, entre déconfinement "à la carte" et respect des règles d’hygiène. Le processus officiel de déconfinement a été enclenché le 20 avril, chaque Länd ajustant les directives générales en fonction de la situation locale. La chancelière Angela Merkel a tenté d’instaurer un plan de réouverture commun des commerces et des écoles, piloté au niveau fédéral, mais la décentralisation poussée en Allemagne a permis aux Länder de s’organiser seuls, conduisant à un déconfinement disparate. Les ministres de l’éducation des seize Länder ont conjointement décidé l’ouverture des lycées pour accueillir les terminales passant l’Abitur (équivalent du baccalauréat) et les secondes qui devaient passer le MSA (équivalent du brevet). Ainsi, le Mecklembourg-Poméranie a ouvert ses écoles dès le 27 mars, la Rhénanie du Nord-Westphalie a attendu le 23 avril, suivie par la Bavière le 27 avril. A contrario, Berlin et six autres Länder ont été plus réticents et ont ouvert les écoles à partir du 4 mai, date officielle de réouverture des établissements scolaires. A ce jour, toutes les régions ont rouvert leurs établissements. Outre le port du masque et le lavage fréquent des mains, toutes les règles d’hygiène sont respectées : les effectifs présents dans une même salle sont réduits et les élèves vont en cours une semaine sur deux, ou quelques jours seulement dans la semaine selon les Länder. Certaines régions telles que la Saxe-Anhalt, Schleswig-Holstein et la Rhénanie du Nord-Westphalie tendent vers un retour à la normale de l’enseignement, avec des classes complètes et de tout niveau, même s’il manque 25% du personnel enseignant, appartenant au groupe à risque.
Retour des élèves à l’école par Länder | |
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Bade-Wurtemberg | Retour partiel à partir de mi-juin |
Basse-Saxe | Retour progressif à partir du 15 juin |
Bavière | Retour partiel à partir de mi-juin |
Berlin | Fonctionnement régulier à partir du 7 août |
Brandebourg | Fonctionnement régulier à partir du 10 août |
Brême | Retour progressif en cours |
Hambourg | Retour progressif en cours |
Hesse | Retour progressif en cours |
Mecklembourg-Poméranie-Occidentale | Retour des élèves de primaire le 22 juin |
Rhénanie-du-Nord-Westphalie | Fonctionnement régulier |
Rhénanie-Palatinat | Retour progressif à partir du 15 juin |
Sarre | Fonctionnement régulier |
Saxe | Fonctionnement régulier des écoles primaires |
Saxe-Anhalt | Fonctionnement régulier à partir du 15 juin |
Schleswig-Holstein | Fonctionnement régulier des écoles primaires. Retour progressif pour le reste des élèves. |
Thuringe | Fonctionnement régulier |
Indications de lecture :
- Retour partiel = effectif réduit Fonctionnement régulier = effectif complet
- Retour progressif = mise en place du passage de l’effectif réduit à l’effectif complet
La situation est bien différente chez certains de nos voisins européens. Aux deux extrêmes, l’Italie a prôné un confinement sévère des écoliers et la Suède a misé sur la sauvegarde de la vie quotidienne.
Ainsi en Italie, depuis mars, c’est 8,3 millions d’écoliers et d’étudiants qui suivent des cours à distance. Giuseppe Conte, le chef du gouvernement, a tranché en faveur d’un retour des élèves en septembre, craignant un risque de vague de contamination en cas de réouverture des classes. Les élèves vont donc devoir poursuivre leur scolarité à distance, malgré les inégalités que cela engendre, puisque 34 % des familles italiennes ne possèdent ni ordinateur ni tablette, selon l’Instat (Institut national de statistiques italien).
A contrario, la Suède a fait le choix de ne pas confiner sa population et de compter sur la responsabilité individuelle des Suédois, n’imposant pas de mesures strictes à respecter et recommandant simplement le lavage fréquent des mains ainsi que le télétravail si possible. Ainsi, les écoles sont restées ouvertes pour les jeunes de moins de 16 ans, où les mesures de distanciation sociale ont été appliquées. La mise en place de cette stratégie est coûteuse puisque la Suède a observé le plus haut taux quotidien de mortalité en mai (4,5 morts par jour et par million d’habitants la semaine du 22 mai).
Enfin, l’Autriche a rouvert toutes ses écoles et tend progressivement à accueillir l’ensemble de ses élèves. Elle enregistre les meilleures statistiques en matière de retour à l’école puisque 90% des élèves sont de retour en classe à temps complet.
Reprise des transports publics : comparaison Berlin / Paris
Le métro parisien n’est pas totalement déconfiné puisqu’il reste encore 24 stations fermées à ce jour. Deux principales raisons : l’impossibilité d’organiser la distanciation sociale, facteur de risque de contagion du virus, doublée d’un manque d’agents qui n’ont pas pu reprendre le travail dans des conditions normales. Dans les stations accessibles, le port du masque est obligatoire, ainsi qu’une attestation de déplacement aux heures de pointe (6h30-9h30 et 16h-19h). Le trafic tend progressivement à retrouver son niveau d’avant confinement, à l’image des lignes 1, 13 et 14, la RATP ayant affirmé vouloir revenir à un fonctionnement normal dès juin.
A Berlin la situation est un peu différente puisque le métro a assuré la continuité de son service pendant tout le confinement, en allongeant seulement le temps d’attente entre deux trains – passant de cinq minutes à dix minutes – pour adapter le trafic à la baisse de la demande. Au déconfinement, le métro berlinois « Berliner Verkehrsbetriebe » a conservé ce mode de fonctionnement et surveille de près le taux d’utilisation du service de transport par les usagers, pour pouvoir s’adapter rapidement à une potentielle hausse de la fréquentation. En vue d’assurer des véhicules propres et ainsi inciter les berlinois à utiliser à nouveau ce mode de déplacement, des équipes de nettoyage ont été engagées, le port du masque y est obligatoire et les rames les plus empruntées (lignes U5, U7 et U8) ont été équipées de wagons supplémentaires, pour pouvoir assurer la distanciation sociale. Malgré la mise en place de toutes ces précautions, la fréquentation du métro a chuté de plus de 70% le week-end, et de 50% aux heures de pointe.