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Le système scolaire au Canada

Depuis les origines du programme PISA de l'OCDE sur l'évaluation des systèmes scolaires de la planète, le Canada figure en tête du peloton, talonnant les pays de tradition culturelle confucéenne, et se hissant dans le classement des cinq premiers pays occidentaux. Le Canada présente un score moyen de 518 en mathématiques, 523 en lecture, 525 en sciences, alors que les moyennes des pays participant à l'étude étaient respectivement de 494, 496, et 501.

La dernière étude PISA a démontré « qu'au-delà d'un certain niveau de dépenses par élève, l'excellence n'est pas qu'une question d'argent ». En 2008/2009, le Canada a dépensé 6.800 euros par élève du secondaire, contre 11.400 euros pour la France, et alloué 6,1% de son PIB à l'éducation, soit moins que la moyenne OCDE de 6,2%, et moins que la France. Où trouver les raisons du succès du système canadien : confiance en soi, performance, épanouissement des élèves, et préparation efficace au monde du travail ?

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Une gouvernance démocratique, véritable pilotage éducatif

92% des élèves de la Province sont instruits par le public, qui regroupe le système purement public (69%), les écoles dites libres (22%), et les écoles francophones (1%). Ces écoles gratuites se doivent d'accepter tous les élèves, d'obéir a la règlementation de la Province Alberta Education, d'employer des professeurs certifiés par la Province, et membres de l'Alberta Teachers' Association (ATA). Des programmes alternatifs payants peuvent être proposés en lien avec une langue, une culture, une religion, ou une philosophie. Les écoles sont regroupées par commission scolaire. Par exemple, le Calgary Board of Éducation gère 110.000 élèves, et plus de 200 écoles publiques. Selon la Constitution canadienne, les gouvernements provinciaux décident des attributions, de la provenance du financement, et du niveau d'autonomie des commissions scolaires. Le bon fonctionnement, la performance, et le contrôle de chaque commission sont confiés à un Conseil d'administration. Ses administrateurs élus localement au suffrage universel par les résidents de leurs circonscriptions établissent et administrent le budget annuel, emploient et promeuvent les professeurs, mettent en place les politiques scolaires, construisent les écoles, et achètent fournitures et équipements. Certaines provinces les autorisent à lever l'impôt pour se financer. Tout est public. A Calgary, une webcam sur le site permet de suivre en direct, ou de revivre les réunions du Conseil. Les écoles libres sont régies par leur propre Conseil d'administration. Financées par les fonds publics, à l'exception de leurs dotations d'investissement, elles doivent être gratuites, non affiliées à une croyance religieuse, et ne pas rechercher le profit. Bien qu'autonomes dans leur quotidiens, elles structurent leurs programmes autour du programme de base de l'Alberta Education, et emploient des professeurs certifiés par la Province, mais non nécessairement membres de l'ATA.

Enfin deux catégories d'écoles privées : les « accréditées » (Sur les 5,1 millions d'élèves formés au Canada au sein de 15.500 établissements, 5,6% sont inscrits dans le privé.) reçoivent 60% des subventions par élève attribuées au système public, sont gérées par une régie a but non lucratif, peuvent facturer des frais de scolarité et tirer un bénéfice, proposent des programmes approuvés par le gouvernement provincial, et suivent les objectifs provinciaux et les examens. Les professeurs sont certifiés, sans être toujours membres de l'ATA. Et les écoles privées « déclarées » ne bénéficient de rien, et n'ont aucune obligation, sous réserve de suivre le programme scolaire de la Province, se conformer à la règlementation provinciale pour l'archivage des données, et les infrastructures, renouveler chaque année l'intention de fonctionner.)]

Une répartition équitable des ressources via un forfait par élève et par an, et des établissements autonomes, des provinces responsables

L'immensité du territoire canadien et son statut de fédération obligent le pays à adopter une approche spécifique par province. Ses 10 provinces et 3 territoires diffèrent énormément par leur densité, leur composition socio-économique, leur langage, leur culture. La constitution canadienne donne le pouvoir exclusif de « faire les lois en matière d'éducation » aux corps législatifs provinciaux. L'éducation relève de la responsabilité du gouvernement provincial. L'objectif est d'apporter des instructions différenciées afin de répondre aux caractéristiques et besoins variés des élèves au sein de leurs juridictions. Agir en toute autonomie au plus proche du terrain. Le Premier ministre de chaque province nomme son ministre de l'Education, en charge du cursus scolaire, du développement et de la certification des professeurs, du financement des commissions scolaires, équivalentes aux académies en France.

Historiquement, les gouvernements provinciaux partagent la responsabilité de financer les écoles avec les municipalités locales et les commissions scolaires.

Les trois provinces de l'Alberta, la Colombie Britannique, et l'Ontario sont les plus peuplées : l'Alberta dénombre 594.000 élèves, 64 commissions scolaires, et un budget de 4 milliards d'euros ; la Colombie Britannique compte 565.000 élèves, 60 commissions scolaires, et un budget de 3,4 milliards d'euros ; l'Ontario a la population d'élèves la plus importante au Canada avec 2 millions d'élèves au sein de 72 commissions scolaires, et un budget de 15 milliards d'euros. L'Alberta, la Colombie Britannique, et l'Ontario sont respectivement la première, deuxième, et troisième provinces canadiennes au classement PISA 2009, et se seraient classées 5eme, 6eme, et 8eme au niveau mondial si évaluées individuellement. Au-delà de leurs succès académiques, ces trois provinces ont entrepris avec succès, au milieu des années 1990, de réformer ce financement conjoint pour transférer à la Province la complète responsabilité du financement du système scolaire. Le but est d'élargir et enrichir la base d'imposition au niveau provincial pour assurer une meilleure répartition des ressources, tout en insistant sur l'importance du volume et des sources de financement.

Avec des spécificités et des priorités propres a chacune, les provinces ont développé des systèmes sur mesure. L'autorité reste entre les mains des commissions scolaires élues localement, qui ont le contrôle, le pouvoir et l'autorité de décider du mode d'allocation des financements, en cohérence avec les textes fondateurs des différentes provinces. Dans un souci d'équité entre les écoles, afin de donner à chaque élève l'accès à une éducation de qualité, et comparable d'une école à l'autre, les ressources sont ensuite reparties selon les besoins des élèves, et non plus selon la richesse et le taux d'imposition de la municipalité. Des élèves avec des besoins éducationnels spécifiques ont besoin de davantage de ressources afin de leur donner des opportunités d'éducation équivalentes.

Les trois gouvernements provinciaux ont centralisé la définition des taux d'imposition sur le foncier. Un forfait par élève est déterminé par le volume total provenant de l'impôt foncier, divisé par le nombre d'élèves éligibles dans la province, pour être redistribué à chaque commission scolaire selon le nombre d'élèves par année. En Alberta, les municipalités lèvent l'impôt, les recettes sont déposées directement sur l'Alberta School Foundation Fund, un fonds créé afin de garantir aux contribuables que les sommes collectées sont entièrement dépensées sur les élèves. Pas de fonds spécifique en Ontario, chaque localité perçoit directement les revenus de l'impôt, pour maintenir un sentiment d'engagement des communautés locales autour des écoles de leurs quartiers. En Colombie Britannique, des ressources supplémentaires sont mises a disposition des villes contraintes à payer davantage leurs professeurs.

Les commissions scolaires privées le sont souvent pour des raisons religieuses. Elles sont autorisées à se financer auprès des municipalités par les impôts collectés auprès des contribuables qui partagent la même religion. Un système de compensation permet de corriger les éventuelles différences à la hausse, ou à la baisse. L'Alberta finance les écoles privées « accréditées », environ 4% des élèves de l'Alberta, à hauteur de 60 a 70% du financement de base. Si les écoles acceptent de se conformer davantage à la comptabilité imposée par le gouvernement provincial, elles peuvent recevoir des financements additionnels, qui ne proviennent pas du revenu foncier. La province a établi des cycles de financement de trois ans afin d'apporter plus de stabilité et de visibilité aux écoles.

Enfin, chaque commission reçoit le reste de son budget opérationnel d'autres sources de revenus, comme l'impôt sur le revenu, royalties, recettes fiscales, transfert fédéral, selon la formule d'allocation de la province.

Trois autres sources de financement proviennent des frais de scolarité pour des élèves non-résidents et/ou internationaux, des frais de scolarité liés a des programmes additionnels au-delà du programme de base qui se doit de rester gratuit, services de la petite enfance, frais de transport, éducation continue, matériels pour les élèves, et des collectes de fonds organisées localement selon des règles clairement établies. Dans un souci de maintenir l'équité entre les écoles, l'Alberta limite les campagnes de levées de fonds à 3% du budget annuel de la commission scolaire, les conditionne à leur décision par referendum, et à l'utilisation pour un projet précis, et non pour financer un éventuel déficit opérationnel. La possibilité de faire appel au volontariats des parents permet des économies non négligeables.

Enfin, dans certaines provinces comme l'Alberta et la Colombie Britannique, les commissions scolaires sont autorisées à faire appel à un referendum local pour lever des fonds sans aucun plafond, via l'impôt foncier, afin de financer des nouveaux programmes, mettre en avant des programmes existants, de nouvelles activités pour les élèves, ou des projets spécifiques.

La Colombie Britannique est la province canadienne qui dépense le moins pour éduquer ses élèves, et se place avant-dernière en termes de pourcentage de son PIB alloué a l'éducation, confirmant que cette nouvelle méthode de financement permet de réduire les coûts grâce a une optimisation des ressources.

De son côté, le gouvernement fédéral canadien apporte une aide financière à l'enseignement supérieur, à l'instruction des deux langues officielles (français, anglais), et partage avec les Premières Nations la responsabilité de l'éducation de leurs enfants.

Une pédagogie qui place l'élève au centre

Peu d'enseignements magistraux, beaucoup de pédagogie de projets, et d'ateliers de connaissance pour inciter l'élève à aller chercher lui-même ce qui lui convient. L'enfant nait naturellement curieux, il faut le mettre en condition de découvrir, entreprendre, et devenir autonome.

Le rôle de l'enseignant est alors d'accompagner, apporter une pédagogie différenciée. Beaucoup de mises en situation, de groupes de travail en mode projet, de présentations orales, à l'image du monde du travail. L'enseignant canadien n'instaure pas un rapport de contrôle, ou de dominant/dominés avec ses élèves. Il est derrière, observe, et laisse faire. Repérer les meilleurs et les faire progresser, tout en soutenant les autres en leur donnant d'autres objectifs adaptés a leurs capacités. Convivial, décontracté, le déroulement d'un cours canadien peut surprendre un esprit cartésien à la recherche du fond : « ou est le cours ? ». Plus académique, fondé sur l'analyse et la réflexion, la transmission unilatérale d'un savoir, le système français s'étonne de cette survalorisation de l'élève canadien. Le système canadien ne cherche pas à contrôler, éliminer, et constituer une élite, mais à former un citoyen à l'aise, s'exprimant bien en public, capable de « leadership », volontariat, service, respect, et d'attention aux autres.

Un enseignant, maître de sa carrière

Le salaire des enseignants résulte d'une négociation entre commission scolaire et syndicat provincial des professeurs. La grille de salaire est établie suite à une combinaison d'années de formation, et d'ancienneté. Selon les standards internationaux de l'OCDE, le Canada figure parmi les pays payant le mieux ses enseignants, et avec la plus rapide progression de salaire : 11 ans pour arriver en haut de la grille, et 34 ans en France. Un enseignant canadien avec 15 années d'expérience gagnait en 2011 environ USD 56.000, un Français entre USD 33.152 et 36.000, et la moyenne OCDE entre USD 36.000 et USD 41.000. PISA 2012 pointe du doigt l'importance d'une bonne allocation des ressources. Ainsi, pour chaque dollar canadien investi dans l'éducation, 62,5% sont alloués aux salaires des professeurs, légèrement au-dessus de la moyenne de 62% dans l'OCDE. 773.000 professeurs et éducateurs enseignent en moyenne 740 heures par an en secondaire, et 799 heures tous niveaux confondus, ce qui correspond a 60% de leur temps total de travail, face à une moyenne de 782 heures dans l'OCDE.

Grâce à des accords interprovinciaux, un professeur peut enseigner dans tout le pays, et postuler aux postes qui l'intéressent. Il est formé tout au long de sa carrière, et gère sa formation continue de manière personnelle. A l'image d'un fonctionnement en entreprise, il remplit en début d'année son TPGP (« Teaching Professionnal Growth Planning »), participe aux formations, et fait un bilan en fin d'année pour préparer le TPGP de l'année suivante. Si la profession ne le convainc plus, il peut se reconvertir facilement à d'autres métiers.