Le rapport OCDE sur la France en 2011 et l'Enseignement
L'OCDE vient de rendre son Etude économique de la France 2011. Parmi les (nombreux) sujets évoqués dans ce rapport, l'enseignement.
L'OCDE y critique la manière de décentraliser en France qui a conduit, entre autres, à transférer aux régions la gestion des lycées et aux départements celle des collèges. L'OCDE fait remarquer que « la décentralisation a sans doute conduit à des pertes d'économies d'échelle. Par exemple, le fait d'avoir donné aux régions la responsabilité des lycées et aux départements celle des collèges a sans doute nuit à la qualité ou augmenté les dépenses publiques là où les deux établissements sont situés sur le même site géographique, en raison de problèmes de coordination entre la région et le département. » Ces problèmes de coordination ne se limitent pas cependant aux collectivités entre elles, mais aussi entre académies et collectivités, comme le signalait récemment Yves Nazé, fondateur associé du cabinet de conseil Education et Territoires [1] : « Les gestionnaires, quand ils ne sont pas comptables, sont en charge de l'accueil, de l'hébergement, de la restauration : or, tout cela dépend des collectivités ! Les gestionnaires sont sous autorité académique, leurs agents sous l'autorité des collectivités : ce système est complètement boiteux ! »
« L'OCDE regrette que pratiquement aucune de ses recommandations sur la politique de l'Education et de l'Enseignement, faites dans les Etudes précédentes, n'a été suivie. »De plus, l'Etude de l'OCDE rappelle que, en matière de gestion de personnel, « les problèmes de redéploiement des fonctionnaires entre l'administration de l'État et les collectivités territoriales ont accru les coûts de la décentralisation ». Un constat corroboré par Yves Nazé : « On note une exigence de bien intégrer les ex-TOS, devenus aujourd'hui ATTEE (agents techniques territoriaux des établissements d'enseignement), à la collectivité, en les faisant disposer de tous les avantages sociaux : primes, cadeaux de Noël, réduction pour les places de cinéma, etc. Dans certaines collectivités, les primes ont été multipliées par dix ! » Et ce n'est probablement pas fini puisque les gestionnaires des établissements scolaires et les CIO (Centre d'Information et d'Orientation) voudraient être également transférés : « Quand ils voient comment leurs propres agents sont traités par les collectivités, un certain nombre de gestionnaires [sous autorité académique] se posent en effet la question »…
Enfin, l'OCDE regrette que pratiquement aucune de ses recommandations sur la politique de l'Education, faites dans les Etudes précédentes, n'a été suivie. C'est le cas, en particulier, de la sélection à l'entrée des universités, et d'une augmentation des frais d'inscription dans les universités « en fonction du coût des prestations fournies », deux points que l'iFRAP avait soutenus et développés dans son dossier de 2009 : « Université : Osons la réforme ». Aucune mesure n'a été prise, en ce qui concerne la sélection à l'entrée, et seule une université (Paris-Dauphine) a accédé au statut de « grand établissement » (statut dérogatoire fixé par voie réglementaire), lui permettant d'augmenter ses frais d'inscription. Or des frais de scolarité fixés arbitrairement, sans référence au coût de la formation et uniformes d'un programme à l'autre, n'incitent pas les étudiants français à prendre conscience du lien qui existe entre coût et rendement de leurs études.
Pour conclure, nous ne pouvons que souhaiter que nos dirigeants tiennent compte des critiques faites par l'OCDE dans son Etude économique de la France 2011 et orientent davantage l'éducation, et surtout l'enseignement supérieur, vers la formation de jeunes aptes à intégrer rapidement et efficacement le marché du travail à la fin de leurs études. Une bien meilleure méthode que les « emplois d'avenir » pour réduire le trop fort taux de chômage des jeunes.
[1] “Le transfert était par principe une bonne mesure”, Entretien avec Yves Nazé, Article paru dans EducInfo le lundi 21 mars 2011,