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Education : Nicolas Sarkozy peut-il intéresser les enseignants ?

Partons d'abord de constats réels et non des déclarations idéologiques habituelles des syndicats enseignants. Comme le rappelait Claude Allègre il y a déjà une quinzaine d'années, les enseignants français du secondaire sont mal payés parce qu'ils ne travaillent pas assez. Ils effectuent en moyenne 644 heures de cours par an au collège et 630 au lycée, contre respectivement 703 et 661 pour les enseignants de l'ensemble des pays de l'OCDE (source : Education At A Glance 2010, OCDE, p. 416).

La proposition de Nicolas Sarkozy reviendrait à leur faire effectuer 8 heures de plus par semaine, dont 3 heures de cours, et à les augmenter de 25%. Elle impliquerait donc 5 heures de présence effective dans leur établissement en plus des cours. Cette présence-là ne serait pas inacceptable pour des enseignants volontaires -ceux que cible l'idée du Président- car, à l'heure actuelle, de nombreux professeurs, notamment les plus motivés, passent bien plus de 5 heures dans leur établissement en plus de leurs cours et n'en sont que faiblement récompensés par les ISOE (Indemnités de Suivi et d'Orientation des Élèves).

Le cœur de la question est donc dans les 3 heures de cours supplémentaires qu'induirait la proposition. Si des enseignants acceptent de les effectuer, leur nombre d'heures annuelles s'élèverait désormais à 752 heures au collège et 738 heures au lycée, soit bien au-delà de la moyenne des enseignants de l'OCDE. Mais en les augmentant de 25% seulement, le gouvernement porterait leur salaire à 32.863 euros annuels en moyenne, autrement dit un salaire plus bas que ceux des autres enseignants de l'OCDE qui s'établit à 34.846 euros (ibidem, p. 402). Le compte n'y est donc pas puisqu'ils travailleraient bien plus que nos voisins pour un salaire toujours inférieur.

L'avantage qu'on peut voir à cette proposition, si elle était massivement acceptée par les enseignants du secondaire, viendrait du fait que leurs revendications salariales seraient dorénavant légitimes, ce qui n'est pas le cas à l'heure actuelle.

Or en période de tension sur les finances publiques, il est fort peu probable que le gouvernement disposera d'une marge de négociation suffisante pour compenser proportionnellement le surplus de travail qu'il demandera aux enseignants. Il y a donc peu de chances actuellement pour que les enseignants acceptent le marché que le Président leur propose. Cela dit, la piste est intéressante car elle suggère qu'une augmentation plus généreuse des salaires des enseignants volontaires, autour de 33% du net annuel, pourrait les convaincre de suivre le Président de la République.

Allons, M. Sarkozy, encore un effort pour vous attirer enfin les faveurs des enseignants car les plus bruyants d'entre eux sont certes de fervents supporteurs de vos adversaires politiques, mais ce ne sont pas forcément les plus investis dans leur travail ni les plus pragmatiques.