Le président de la République s’est récemment exprimé sur la nécessité de travailler plus : « Quand on se compare, nous sommes un pays qui travaille moins que les autres en quantité. Nous avons une quantité de travail allouée qui n’est pas au bon niveau, à la fois dans le cycle de vie et en horaires cumulés.
Avec une durée effective moyenne de travail de 1 664 heures annuelles pour un salarié à temps complet (2015), la France se place derrière l’Allemagne ou les Pays-Bas. Le taux d’emploi y est inférieur de 10 points par rapport à ces pays. De plus, derrière la baisse du taux de chômage que nous connaissons (l’Insee prévoit un taux de chômage à 7,6 % fin 2021), il y aurait plus de 1,9 million de personnes dans le halo autour du chômage en 2020, soit 600 000 personnes de plus qu’au début des années 2010. Une comparaison avec les pays de l’Union européenne montre que la France a, au cours des cinq dernières années, finalement assez peu réduit son chômage (-18 % du niveau initial), qui plus est en subissant un renforcement de son halo (+7 %). Et c’est plus par le basculement d’une partie de la population dans l’inactivité que par la création d’emplois que la France a obtenu sa baisse, toute relative, de son taux de chômage.
La plus faible durée du travail en France est un handicap qu’il nous faut combler si nous voulons assurer le financement de notre modèle social, redresser les comptes publics et surtout, satisfaire les aspirations des Français.
Ce handicap, il nous faut le combler sur toute la carrière des actifs : cela passe par l'augmentation du temps de travail annuel. Cela doit nous conduire aussi à améliorer l'insertion dans la vie active des jeunes : même avant la crise sanitaire, notre pays était particulièrement frappé par le phénomène des NEET (Not in Education), ces jeunes ni en emploi, ni en formation, avec un taux de 16 % chez les jeunes de 15-29 ans contre 9 % en Allemagne, 13 % en moyenne dans les pays de l'OCDE.
Enfin, nous devons naturellement relever l’âge de la retraite, alors que les Français ont un âge d’ouverture des droits parmi les plus faibles des pays européens (62 ans) et un âge de sortie du marché du travail encore inférieur. Ce qui explique que la France affiche une durée de carrière plus courte : 35,4 ans en 2019, contre 36,1 ans en moyenne dans la zone Euro, 39,1 ans en Allemagne et même 42 ans en Suède.
La Fondation iFRAP formule les propositions suivantes pour augmenter notre quantité de travail et mettre en oeuvre le « travailler plus » :
- Pour les actifs : supprimer les majorations sur les heures supplémentaires jusqu'à 39 heures ; déplafonner le nombre d'heures supplémentaires annuelles ;
- Pour les jeunes : développer l'apprentissage et, pour les entreprises qui le souhaitent, permettre de créer des écoles de formation et de professionnalisation intégrées ;
- Pour le retour à l'emploi des chômeurs : demander des contreparties aux chômeurs (engagements de formations), baisser les allocations chômage et les minima sociaux en cas de refus des postes ;
- Pour allonger la durée de carrière : relever l'âge d'ouverture des droits à la retraite pour atteindre 65 ans en 2028 (avec une montée en charge à partir de 2023). Favoriser le cumul emploi-retraite en permettant de cotiser pour se constituer des droits supplémentaires.