Presque quotidiennement, l'actualité nous jette à la figure des statistiques à faire pâlir d'envie sur l'économie allemande. Certes, cette réussite est beaucoup due au fait que l'Allemagne et ses entreprises ont su parfaitement profiter du cycle favorable des années 2000 à 2008, pour arriver « les poches pleines » à la crise, et accompagner le rebond de 2010 dans les meilleures conditions. On ne saurait donc prôner une simple convergence avec des solutions apportées dans un contexte économique entièrement différent, d'autant que le ciel allemand n'est pas sans nuages.
Mais nous ne sommes pas de ceux qui prétendent que le « miracle allemand » est une lubie, obtenue par des sacrifices insupportables de la population (concernant la modération salariale imposée et la diminution des prestations comme les indemnités chômage) et une attitude non coopérative avec le reste de l'Europe. Les perspectives actuelles de l'économie allemande semblent nous donner raison et donner tort à ceux qui prétendent disqualifier la ligne suivie par la politique allemande en ne considérant que les sacrifices passés alors que salaires et emploi sont d'ores et déjà orientés à la hausse.
Cette étude a pour objet, en se focalisant sur la situation des entreprises, de tenter de déterminer quelles sont les réformes qui peuvent être apportées par le Gouvernement pour profiter le plus possible des enseignements de la réussite allemande. Ce faisant, nous devrons abandonner sur le bord du chemin ce que nous avons appelé « l'ADN allemand », souvent un reflet de l'Histoire et qui n'est guère transposable en France.
Beaucoup de choses peuvent être dites et nous avons mis l'accent sur ce qui nous paraissait fondamental dans les difficultés rencontrées par les entreprises françaises, et particulièrement dans la disparition de notre industrie.
Le premier élément nous paraît être la chute très forte de la profitabilité des entreprises (on a ainsi pu calculer un résultat net inférieur de 2,4 fois pour deux entreprises mises en parallèle en France et en Allemagne et, au niveau macroéconomique, une capacité d'autofinancement négative en France alors qu'elle est positive en Allemagne) et nous y consacrerons la totalité de notre première partie. Les solutions se trouvent nécessairement dans la baisse des prélèvements à la charge des entreprises, impôts et cotisations patronales, ainsi que dans la baisse corrélative des dépenses publiques. Une seconde partie sera consacrée à évoquer plus brièvement quelques autres axes essentiels de réformes, à savoir surtout la nécessité de simplifier et stabiliser la réglementation administrative et fiscale française, et d'assurer la flexibilité de l'emploi par de gros efforts à effectuer au niveau de la réforme du droit du travail.