Depuis 2010, l’Allemagne voit sa dette diminuer de manière drastique, jusqu’à peut-être passer sous la barre des 60 % (61,5 % au 2e trimestre 2018), plafond initialement fixé par l’Union européenne dans le traité de Maastricht en 2019. La France, elle, voit la courbe de sa dette croître sans montrer de réels signes de changement. Pour l’année 2018, la dette publique brute s’élevait à 2 315,3 milliards d’euros, soit 98,5 % du PIB. Le dernier programme de stabilité indique que le gouvernement a renoncé à ses ambitions : la France se dirige vers les 100 % de dette avec un objectif de dette en 2022 passé à 96,8 % au lieu des 92,7 % annoncés durant la campagne présidentielle... Et les récentes annonces du président de la République à la suite des revendications des « gilets jaunes » devraient contribuer à creuser encore un peu le déficit (augmentation annoncée des dépenses publiques et baisse des prélèvements obligatoires), et ainsi la dette continuer de croître.
Au sein de l’Union européenne, la Belgique (103,1 %), le Portugal (124,8 %), l’Italie (131,2 %) et la Grèce (176,1 %) ont une dette supérieure à la barre des 100 % par rapport à leur PIB.
Depuis quelques années, grâce à la politique de la Banque centrale européenne (BCE), la France bénéficie de taux d’intérêt très faibles. Au point que la question de la dette est aujourd’hui débattue. Pourquoi, dans ce cas, la Suisse, l’Allemagne et la Suède voient-elles leur dette publique diminuer grâce à des mécanismes de frein à l’endettement ?
La Fondation iFRAP considère qu’il est essentiel pour la France de maîtriser son endettement, notre marge de manoeuvre étant de plus en plus limitée. Cela renvoie aux diagnostics des agences de notation : ainsi « une dégradation de la note de la France, si elle était suivie par les acteurs financiers, pourrait évidemment avoir des conséquences sur nos conditions de financement ». La situation est urgente : la France est considérée par ces agences comme étant « très robuste d’un point de vue économique et institutionnel et présente une forte résilience au risque de choc », mais doit faire face à une situation des finances publiques qui apparaît plus « problématique ».
- La France bénéficie largement des taux bas : le maintien des taux à leur niveau de 2010 a permis à la France d’économiser près de 19 milliards d’euros entre 2010 et 2016 ; le gouvernement annonce que 10 milliards seront encore économisés jusqu’en 2021 ;
- Malheureusement, les gouvernements successifs ne se sont pas saisis de cette opportunité pour se redonner des marges de manoeuvre en cas de nouvelle crise, notamment en s’attaquant à nos déficits récurrents et notre niveau record de dépenses publiques ;
- Les règles européennes sont un premier pas pour réduire notre déficit : d’autres pays sont allés plus loin en mettant en place un frein à l’endettement comme la Suisse, la Suède ou l’Allemagne.