À en croire les chiffres publiés par l'Insee, notre pays est devenu le pays d'Europe le plus prolifique en matière de créations d'entreprises : leur nombre est passé d'environ 180 000 par an en 2002 à près de 600 000 en 2010.
Mais si l'on cherche bien, les créations d'entreprises naissant avec au moins un salarié sont très peu nombreuses, voire en chute. Ce sont pourtant celles qui devraient intéresser nos dirigeants.
Pourtant leur nombre est dérisoire par rapport au nombre total de créations d'entreprises affiché par l'institut statistique : à peine 40.000 sur les 500.000 et, à la différence des créations d'entreprise, ce domaine n'a vu aucune augmentation depuis plus de 10 ans, même une chute autour de 33.000 en 2009.
Les emplois créés par les entreprises naissant avec au moins un salarié étant de 105.000, soit beaucoup moins que le chiffre allemand supérieur à 300.000, comment se fait-il que personne ne s'en soit aperçu ?
Même si l'Insee fait le silence sur les causes des très mauvaises performances de l'emploi français, comment se fait-il que ces carences ne soient pas apparues dans les statistiques comparées de l'emploi en France et dans les pays étrangers ? Pourquoi rien ne transparaît-il du graphique de l'emploi marchand comparé à nos partenaires européens ? Le retard de 4 à 5 millions d'emplois que nous subissons existe depuis longtemps.
L'explication se trouve dans les petits boulots, les entreprises à zéro salarié que nos gouvernants se sont évertués à créer depuis plus de 20 ans avec les programmes visant à pousser les chômeurs à créer des entreprises. Ces statistiques sont confirmées par d'autres encore plus précises sur un type de petits boulots : les services à la personne dont plusieurs ministres se sont faits les chantres.
Ce dossier détaille le coût des petits boulots et explique les raisons du sous-dimensionnement des entreprises françaises par le manque de financement en amorçage. Mais il revient surtout sur les causes du blocage français de l'emploi et la responsabilité de Bercy qui s'obstine à ignorer les mécanismes qui régissent la dynamique de l'emploi.