La crise des gilets jaunes a montré que notre pays avait atteint un niveau de ras-le-bol fiscal tel qu’une seule mesure – la hausse de la taxe sur les carburants – pouvait déclencher une vague de contestation et une crise sociale, comme rarement connue. Avec les mesures de baisse d’impôts annoncées en fin d’année pour près de 11 milliards d’euros et le grand débat organisé depuis, on assiste à une sorte de concours Lépine de la réforme fiscale française plutôt que de s’attaquer au problème numéro 1 de notre pays : notre record en matière de dépenses publiques.
Les statistiques d’Eurostat montrent que notre pays se situe à 56,5 % de la richesse nationale (PIB) en matière de dépenses publiques (y compris les crédits d’impôts) en 2017 quand la moyenne de l’UE est à 45,8 %. Ce qui nous place en tête, devant la Finlande et loin devant l’Allemagne (43,9 %) ou la Suède (49,3 %). Si l'on fait le choix de se comparer avec ces deux pays, c’est bien pour montrer qu’il ne s’agit pas seulement d’un choix de modèle social, la Suède et l’Allemagne ayant des services publics et une protection sociale au moins aussi ambitieuses que les nôtres, mais qu’il s’agit également d’une gestion publique qui doit se réformer. Ainsi, nous dépensons 287 milliards d’euros de plus que les Allemands ou 163 milliards d’euros de plus que les Suédois.
Les statistiques internationales nous permettent de nous comparer plus finement dans chacun des domaines d’intervention publique grâce à une nomenclature des dépenses publiques par fonction :
- ainsi, par rapport à l’Allemagne, nous dépensons : 63 milliards de plus en interventions économiques, 21 milliards de plus dans le domaine de la santé, ou encore 92 milliards de plus dans le domaine des retraites malgré le déclin démographique de l’Allemagne ;
- par rapport à la Suède, nous dépensons 14 milliards de plus dans le domaine de l’environnement, et 15 milliards de plus pour le chômage.
Les leviers économiques sont donc très importants. Le président de la République a écrit aux Français pour leur demander leur avis sur la fiscalité, la dépense publique, la
transition écologique et les institutions. Il leur a en particulier demandé « Quelles sont les économies qui vous semblent prioritaires à faire ? » La Fondation iFRAP soumet son plan d’action et de transformation pour baisser les dépenses avec 7 thèmes et 60 milliards d’euros d’économies comme objectif pour 2027. Cet effort replacerait notre trajectoire des finances publiques à 52 % du PIB en 2022.