En 2013, les Fonds régionaux d'art contemporain (Frac), créés par Jack Lang, fêtent leurs 30 ans. L'occasion de faire le bilan de cette politique culturelle qui n'est qu'une composante de la politique de constitution de collections publiques. Ce que l'on constate, c'est un amoncellement d'œuvres à tous les niveaux : État, régions, départements, communes, tous se sont créé leurs propres collections d'art contemporain.
La Fondation iFRAP a répertorié près de 146.000 œuvres (dont 27.450 pour les FRAC) [1], hors musées, dans les collections publiques qui ont représenté en 2010 plus de 167 millions d'euros de dépenses publiques d'art contemporain (dont 24 millions pour les FRAC). 146.000 œuvres dont une grande partie s'entassent dans des réserves sans toucher de public.
À l'origine, les Frac avaient pour mission d'irriguer les territoires pour diffuser la création contemporaine au plus près du public. Mais leur fréquentation très modeste, entre 14.000 et 29.000 visiteurs par an selon les Frac, les conduit à vouloir se transformer en musées. Musées qui impliquent des budgets de fonctionnement toujours plus importants et doublonnent ceux déjà existants. Jusqu'où ira cette fuite en avant ? La question se pose de la cession de ces œuvres pour couvrir une partie des coûts et du recentrage de chaque échelon sur ses vraies missions. Il est temps de repenser les missions de ces collections publiques d'art contemporain devenues démesurées et coupées du public.
L'État, premier mécène de l'art contemporain : près de 100.000 œuvres détenues dans la collection officielle, le Fonds national d'art contemporain ;
L'État soutient la création mais oublie sa mission de diffusion au public : des dizaines de milliers d'œuvres qui ne sont jamais exposées au public ;
Des collections qui s'amoncellent : à côté de la collection de l'État, on recense 23 Frac ;
21 artothèques, des fonds communaux, départementaux ou d'acquisition de musées qui ne rassemblent parfois que quelques dizaines d'œuvres ;
La muséification : une solution coûteuse en argent public pour exposer les collections ;
L'autre solution – la vente des oeuvres – se heurte à l'opposition des conservateurs et présidents de Frac, et surtout à la tradition très française d'inaliénabilité ;
Les propositions de la Fondation iFRAP : obliger les Frac à un pourcentage minimal de recettes propres (50%) pour les inciter à repenser leur politique de diffusion, de mécénat et même de revente d'œuvres. Recentrer chaque échelon administratif (État, région, commune) sur ses missions.
[1] N'étant pas historiens de l'art, nous ne discutons pas de la valeur artistique des œuvres qui sont dans ces collections.