L’épidémie de la Covid-19 a durement touché la France. Au-delà du nombre de décès que nous avons déploré, comme dans de nombreux pays, cette crise a mis en lumière l’organisation de notre système de santé et ses défaillances.
La France figure parmi les pays qui dépensent le plus au monde. Avec l’Allemagne, elle consacre la part du PIB la plus élevée pour sa santé en Europe : 11,2 % du PIB en dépenses publiques et privées. C’est nettement plus que la moyenne européenne (9,8 %, 2017) ou que la moyenne de l’OCDE (8,9 %, 2018).
Longtemps bercé par l’illusion d’avoir le système de santé le plus performant au monde, comme l’avait proclamé l’OMS au début des années 2000, notre pays a glissé petit à petit dans les classements de « qualité » des soins. Parmi les classements les plus connus, l’EHCI (Euro Health Consumer Index), la France y occupait la 1re place en 2006, la 3e place en 2007, la 10e place en 2008 pour se stabiliser depuis 2015 à la 11e place. Que s’est-il passé ? Nous disposons certes d’un corps médical parmi les mieux formés et d’une recherche d’excellence dans le domaine de la santé, mais la performance d’un système de soins ne se résume pas à cela. Nos indicateurs sanitaires ne sont pas les meilleurs d’Europe traduisant notamment un défaut de prévention. Et l’accès à la médecine de ville (généralistes, spécialistes) reste encore difficile rendant le recours aux urgences hospitalières trop fréquent.
Paradoxalement la France a un système très encadré mais pas managé.
En sortie de crise, le gouvernement a lancé le Ségur de la santé, un cycle de discussion centré autour des revendications salariales à l’hôpital. Mais cet exercice qui devait aussi aboutir à « redonner de l’agilité au système de santé » s’est transformé en un énième plan de mesures autour de l’hôpital public. Augmenter les salaires des infirmières ne suffira pas à résoudre la crise. Le mal-être persistera tant que les hôpitaux n’auront pas gagné en autonomie et responsabilité en alignant leur statut sur celui des hôpitaux privés non lucratifs et en s’attaquant à la rigidité du statut de la fonction publique hospitalière (FPH), qui empêche de moduler les carrières selon les besoins et les compétences.
Mais ce n’est pas tout. Il est tout aussi nécessaire de casser les logiques de silo et d’encourager les coopérations entre privé et public, entre médecine de ville, hôpital et Ehpad. Pour cela, c’est à la bureaucratisation du système de soins qu’il faut s’attaquer.
- Le système de soins français : des dépenses administratives records de 5,6 % du total des dépenses de santé ;
- Un système de santé qui n’évalue pas la qualité des soins : un quart des actes de soins peu ou pas pertinents ;
- Un système hospitalo centré : la France consacre 15 milliards de plus que l’Allemagne, à population comparable, en dépenses hospitalières ;
- La fonction publique hospitalière : + 50 % depuis 1990, la France est le pays où la part des emplois hospitaliers dans l’emploi total est la plus élevée ;
- Nos propositions : un meilleur pilotage du système de santé grâce à des gains de productivité, une décentralisation accrue vers les régions, une véritable évaluation des soins grâce aux données de santé, plus d’autonomie et de responsabilité pour les hôpitaux publics. Au total 20 milliards € d’économies seraient possibles sur la dépense globale de santé.