Emplois des seniors : un retard à combler de 7% par rapport à l'Europe
Seulement 35 % des 60‑64 ans travaillent dans notre pays. La France se caractérise par un taux d’emploi des 60‑64 ans faible. Il est de 42 % en moyenne dans l’Union européenne. En 2019, le taux d’emploi moyen des 55‑59 ans était de 77 % et de 7,7 % chez les 65‑69 ans. C’est en dessous de la moyenne de l’OCDE.
Avec le recul de l’âge légal mis en place en 2010, le taux d’activité des seniors s’est redressé : le taux d’activité des 55‑64 ans a progressé de 15 points entre 1995 et 2016. Néanmoins, la barre des 60 ans reste un seuil important en France avec un taux d’emploi moitié moins élevé pour les 60‑64 ans comparé aux 55‑59 ans, une différence que l’on ne retrouve pas dans la majeure partie des pays de l’Union européenne.
Avec la réforme des retraites de 2010 qui a repoussé l’âge légal de 60 à 62 ans, on a donc redécouvert l’« effet horizon », à savoir que la législation des retraites influence la situation des seniors sur le marché de l’emploi. Pour les entreprises, cela les a conduites à reconsidérer leurs salariés seniors qu’elles conservent plus longtemps.
Partout en Europe, l’âge de départ à la retraite est autour de 65 ans : 67 ans en Italie, 66 ans en Irlande, 66 ans en Belgique à partir de 2025, 65 ans en Allemagne… La France figure avec la Grèce, la Norvège et la Suède, parmi les rares pays qui affichent encore un âge légal de la retraite inférieur à 65 ans. Néanmoins, les statistiques indiquent que les Suédois et les Norvégiens sortent du marché du travail bien au-dessus de la moyenne de l’OCDE (65 ans), un effet du mode de calcul des retraites avec un coefficient qui tient compte de l’espérance de vie dans ces deux pays. Et si, en France, l’âge légal de la retraite est de 62 ans, il faut bien se rappeler que de nombreux régimes dérogatoires existent : catégories actives, pénibilité, carrières longues, qui permettent de partir avant cette borne d’âge. C’est ce qui fait que notre âge moyen de départ à la retraite est en réalité de 60,8 ans. Alors que cet âge moyen est de plus de 66 ans en Suède ou en Suisse, de 65 ans au Danemark ou aux Pays-Bas et même de presque 68 ans aux États-Unis.
Pourtant, notre pays n’est pas prédestiné à travailler moins longtemps : en 1975, nous partions à la retraite en moyenne à plus de 65 ans, et même à plus de 67 ans en 1970. Depuis 1983 et la retraite à 60 ans au lieu de 65, nous ramons pour faire remonter l’âge de départ. Pendant ce temps-là, en Allemagne, le débat porte sur le report de l’âge de départ à la retraite à 68 ans pour éviter la baisse des pensions. La France reste hors-sol. Aidée par nombre de bonimenteurs qui font croire que le travail n’est pas la clé de la création de richesse.
Les leviers pour faire face au problème de financement des retraites sont pourtant connus : report de l’âge de la retraite, suppression des cotisations payées par les retraités qui travaillent sans leurs donner de droits à pension, incitation des employeurs à conserver en emploi leurs seniors (contre des baisses de salaires, ou du mentorat, etc. – c’est ça un slow business act). Pour l’heure, trop d’inactifs sont financés par trop peu d’actifs et c’est très problématique. Pour rappel, s'il y avait 4 actifs pour financer un retraité en 1950, on en compte aujourd'hui 1,7 seulement.