Utilisée depuis 1970 afin d'éviter le décrochage des bas salaires en pleine période d'augmentation de la productivité supérieure à l'inflation, la revalorisation du Smic à partir des « coups de pouce » a fini par dépasser son objectif et s'est trouvée prise à contre-pied avec le recul de la conjoncture et aussi en raison de l'adaptation nécessitée par les 35 heures. Le Smic est actuellement égal aux deux tiers du salaire médian et, même en tenant compte des allégements de charges patronales, le coût du travail au niveau du salaire minimum est le plus élevé des pays développés (Luxembourg mis à part).
Soixante ans après sa création, qu'est devenu le Smic, ce symbole de victoire sociale, modestement né en 1950 pour assurer un minimum vital aux salariés ? Car le paysage économique et social a beaucoup changé entre-temps : renversement de la conjoncture économique, montée du chômage, mais aussi montée des revendications et nouvelles exigences en matière de lutte contre la pauvreté et les inégalités et, en même temps, développement de la protection sociale et des minima sociaux qui sont venus déstabiliser le Smic comme référence. De quoi se demander quelle est encore la signification d'une institution prise entre des impératifs contradictoires et utilisée comme instrument de politique sociale sans préoccupation de ses effets économiques.
Quels sont les effets du Smic sur l'emploi, sur la pauvreté et sur les inégalités ? Malgré les réticences à tous les niveaux pour porter atteinte à un tabou, quelles réformes apporter au Smic et en général au modèle social français dans lequel il est inséré ?
Sommaire du dossier :
- En devenant une norme salariale, le Smic multiplie ses effets pervers surtout sur l'emploi
- Il cesse aussi d'être une référence avec l'institution du RSA
- Il reste malheureusement un tabou politique qu'il faut dénoncer pour le réformer dans le sens de la flexibilité