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Un taux de chômage des "non natifs" plus élevé en France que la moyenne européenne

... et depuis 2005, seulement 10% des entrées sur le territoire pour le travail

Les négociations autour du projet de loi "immigration" doivent prochainement commencer au Sénat et, il apparait que les débats se focalisent sur la question de l'accès au modèle social français par les non natifs et le souhait du gouvernement de renforcer l'immigration de "talents". Pour éclaircir ces questions, la Fondation IFRAP s'est penché sur les données européennes relatives au taux de chômage des non natifs ainsi qu'au motif d'arrivée sur le territoire. 

Il en ressort que la France se caractérise par une population étrangère plus éloignée de l'emploi que la moyenne européenne et le fait que, depuis 2005, le premier motif d'entrée sur le territoire des nouveaux arrivants a été une raison familiale. Sur ce motif, la France se place même en première position au niveau européen, avec 41% des nouvelles arrivées (13 points au dessus de la moyenne européenne) quand le travail n'a représenté que 10% des motifs (3 points en dessous de la moyenne européenne).

En France, un taux de chômage des non natifs au-dessus de la moyenne européenne

En 2021 en France, la population d’origine étrangère affichait un taux de chômage plus élevé que le reste de la population nationale : 12,3%contre 7,9%. Cette différence existe dans presque tous les pays, à l’exception de la Hongrie et du Portugal ou de la Nouvelle-Zélande où la population immigrée affiche un taux de travail plus important que la population nationale. Néanmoins dans ces 3 cas particuliers, la différence ne dépasse pas 1,1 point. 

Il apparait donc normal que la population étrangère affiche un taux de chômage plus important que les nationaux, néanmoins la situation française se démarque par un delta de 5 points entre ces deux populations, bien au-dessous de la moyenne européenne (3,5 points) et de certains de nos voisins les plus proches : 3,8 points d’écart pour l’Italie, 3,5 en Allemagne et seulement 1,1 point pour le Royaume-Uni.

Comparaison des taux de chômage des natifs et des non natifs, en Europe et dans le monde

Cette surreprésentation du chômage dans les populations immigrées est un problème car l’exercice d’une activité professionnelle permet de faciliter l’intégration au niveau social et est la garantie d’un meilleur épanouissement par l’accès à de plus grandes ressources économiques. Il permet également de légitimer la présence au sein de la société puisque les travailleurs participent à l’effort économique et contribuent, aux mêmes titres que les citoyens nationaux, aux finances publiques.

41% des arrivées en France depuis 2005 avaient un motif familial, seulement 10% un motif de travail

Il semble que cet éloignement de l’emploi trouve, en partie, sa source dès le motif d’arrivée sur le territoire. 

En juin 2023, l’OCDE a présenté un rapport qui compare notamment ces raisons d’entrée sur le territoire de la population ayant migrée de 2005 à 2020. On constate ainsi qu’au Portugal, 30% des migrations sur la période ont concerné un motif de travail, 22% en Italie, 20% en Espagne, 18% au Royaume-Uni pour une moyenne européenne à 13,6%. Ce motif n’a, pourtant, concerné que 10,5% des arrivées en France. 

Il convient également de souligner que, de ces statistiques, les migrations de citoyens européens sont catégorisées à part dans une section « libre circulation ». Pour cette catégorie de personnes, c’est la Luxembourg qui arrive en tête (81% de l’immigration de 2005 à 2020), suivi de l’Irlande et de la Suisse. Si on ôte ces trois pays, caractérisés par un PIB par tête (et donc des salaires) très importants ou un régime fiscal plus attractif pour les entreprises mondiales, c’est l’Autriche qui arrive en tête avec 63,5% d’immigration liée à la « libre circulation ». D’ailleurs, il convient de souligner que pour l’Autriche, l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas et le Danemark, plus de 50% de la population arrivée sur le territoire de 2005 à 2020 était liée à la « libre circulation » et donc constituée de déplacement intra-européen. Cette catégorie constitue 32% des arrivées en France sur la période, soit 12 points en dessous de la moyenne européenne.

Et c’est sur les raisons liées à la « famille » (regroupement familial notamment) que la France se place en 1ère position puisque ce motif a justifié 41% des entrées sur le territoire de 2005 à 2020 : 13 points au-dessus de la moyenne européenne. Enfin, les raisons « humanitaires » (asile) ont représenté 7,4% des arrivées en France, une position proche de la moyenne européenne : dans cette catégorie, c’est la Suède qui arrive en 1ère position avec 24% des arrivées.

Catégories d’entrée (raison) de la population migrante de 2005 à 2020

Source : OCDE, Les indicateurs de l’intégration des immigrés 2023, juin 2023