Avec l’épidémie de Covid-19 et les 25 800 décès que nous comptons malheureusement dans notre pays, la France est entrée dans une crise nouvelle, à la fois sanitaire et économique. Le confinement et ses mesures inédites frappent et vont frapper très fortement le pays.
Numéro spécial : avril/mai 2020
La France a plongé en récession. L’économie est quasiment à l’arrêt : consommation inférieure de 33 % à la normale, perte d’activité de 41 % dans le secteur marchand, dont certains secteurs sont particulièrement touchés : -79 % dans la construction, -91 % dans l’hôtellerie-restauration, -55 % dans le commerce, -39 % dans l’industrie. Conséquence de ce brutal coup d’arrêt : 11 millions de salariés du secteur privé sont au chômage partiel. L’impact sur le PIB est énorme, estimé à -8 % sur 2020.
Deux lois de finances rectificatives pour 2020 ont déjà été adoptées avec plus de 112 milliards d’euros de mesures annoncées. Mais ce plan d’urgence est sous-calibré, avec 52 milliards d’euros d’aides directes aux entreprises contre 160 milliards en Allemagne. Car nos marges de manoeuvre sont beaucoup plus faibles. L’Allemagne avait des excédents et avait baissé sa dette à 60 % du PIB tandis que nous avions 50 milliards d’euros de déficit public structurel et bientôt 100 % de dette. Par ailleurs, la France a plus arrêté ses usines et ses entreprises que les pays du Nord (quand l’industrie allemande tourne à 80 %, la nôtre tourne à 60 %).
La France a fait depuis 20 ans le choix de développer des secteurs de services avec des emplois faiblement rémunérés avec des politiques d’allègements de charges ciblées sur les bas salaires au détriment de l’industrie qui a perdu plus d’un million d’emplois depuis le début des années 2000. Cette crise est un révélateur de nos erreurs passées et pose la question de comment rebondir, créer des emplois et de la croissance. C’est notre défi de demain car, selon nos évaluations, menées avec le modèle Némésis, le PIB français ne retrouvera sa valeur 2019 qu’en 2024.
Cela ne se fera certainement pas avec les vieilles recettes consistant à augmenter les dépenses, surtout les dépenses sociales, et augmenter les impôts. À l’heure où certains appellent de leurs voeux une relance par la demande, la Fondation iFRAP pense qu’il est urgent de soutenir le système productif par une relance de l’offre et des réformes structurelles ciblées sur les entreprises et la compétitivité. Il est urgent de renforcer la résilience de notre économie et de replacer nos finances publiques sur une trajectoire durable. C’est l’objet de ce plan de soutien à l’économie.
La Fondation iFRAP propose ici un plan pour rebondir et teste 3 scénarios de baisse des impôts de 11, 25 et 41 milliards d’euros. Il s’agit d’un choc d’offre dans un premier temps. Dans un second temps, il faudra décentraliser et numériser les services publics, et dans un troisième temps introduire un mécanisme de frein à l’endettement dans la Constitution.
- Booster l’économie pour sauver nos entreprises et nos emplois en baissant de 41 milliards les impôts : l’impact du scénario le plus ambitieux serait de 260 000 emplois supplémentaires d’ici 2022, et 425 000 d’ici 2024 ;
- Travailler plus et plus longtemps en allongeant la durée du travail ;
- Réorganiser l’État : décentraliser les missions non régaliennes de l’État aux collectivités locales (santé, éducation) et faire un grand plan de numérisation des services publics ;
- Freiner la dette : mettre en place un frein à l’endettement dans la Constitution dès la sortie de récession afin d’assainir nos finances publiques.