NUPES : quel serait l’impact économique du programme de Jean-Luc Mélenchon ?
Grâce à un modèle économétrique universitaire, Nemesis, la Fondation iFRAP et Seureco Erasme ont procédé à la simulation de la mise en œuvre des programmes de Jean-Luc Mélenchon. Verdict ? Une croissance en baisse, une inflation en hausse et une dette publique à 113% du PIB en 2027.
La campagne des législatives 2022 souffre du même défaut de présentation tardive des programmes que les élections présidentielles. A trois semaines du 1er tour, les forces politiques présentes se reposent principalement sur les programmes présentés par les candidats à l’élection présidentielle. Pour preuve, s’il est attendu que la Nouvelle Union populaire écologique et sociale, NUPES, qui regroupe les partis de la France Insoumise, d’Europe Ecologie les Verts, du Parti communiste français, du Parti Socialiste et autres groupes de gauches, présente un programme commun… les négociations pour l’union de ces partis se sont faites sur le programme de la France Insoumise.
La première convention de la NUPES qui s’est tenu le samedi 7 mai a d’ailleurs été dirigé par Jean-Luc Mélenchon qui a présenté les principales mesures communes du mouvement. A cette date, il s’engageait à augmenter le smic à 1 400 euros net, comme indiqué dans son programme présidentiel (pour un coût de 7,4 milliards d’euros) … Depuis le 15 mai, le chef de file du mouvement parle désormais de porter le smic à 1 500 euros net pour répondre à l’inflation. Autres propositions communes, le retour à l’âge de départ à la retraite à 60 ans, le blocage des prix sur les produits de première nécessité, l’instauration d’une VIème République et le versement d’une allocation d’autonomie pour les jeunes. Autant de mesures qui était inscrites dans le programme 2022 de la France Insoumise.
Croissance : -1,3 point en 2027
Via le modèle économétrique universitaire, Nemesis, la Fondation iFRAP et Seureco Erasme ont procédé à la simulation de la mise en œuvre des programmes de Jean-Luc Mélenchon. Ces simulations des conséquences économiques des programmes sont confrontées à un scénario de référence, soit l'évolution de l’économie « au fil de l’eau » sans mise en place de réformes.
Il en ressort que le programme de Jean-Luc Mélenchon, si exécuté, dégraderait la croissance du PIB de -1,3 point en 2027 par rapport au scénario de référence, et avec la dégradation la plus forte sur les exportations (-1,1 point en 2027).
Emplois : +1,14 million d’emplois publics en 2027
Concernant les emplois, le programme de Jean-Luc Mélenchon, si exécuté et en cumulé 2022-2027, verrait une augmentation de 1,14 million du nombre d’emplois créés et ce, par rapport au scénario de référence. Cela grâce à une politique de recrutement dans la fonction publique très intensive : pour rappel, il vise 300 000 recrutements dans les EHPAD et le médico-social, 200 000 dans l'Education nationale, 150 000 pour la petite enfance, 100 000 soignants pour l'hôpital public, 65 000 dans la Justice, 12 000 policiers et 30 000 recrutements dans l'enseignement supérieur et la recherche. Soit 857 000 embauches ciblées sur un objectif de +1 million d'agents, soit un coût de 36 milliards d'euros par an. Il ajoute aussi un rattrapage du point d'indice : 10% en général et 30% pour les enseignants. En tout, son projet mise sur 75 milliards d'euros supplémentaires. Au final, son programme prévoit une augmentation des emplois non marchands (assimilé au secteur public), en cumulé 2022-2027 et par rapport au scénario de référence, de +1,44 million d’emplois alors que le secteur marchand perdrait 305 000 emplois en parallèle.
Conséquence de cette politique de recrutement, le taux de chômage en 2027 s’améliorerait de -5 points par rapport au scénario de référence (2% des actifs pour Jean-Luc Mélenchon contre 7% pour le scénario de référence) ce qui peut nous interroger sur la disponibilité de la main d’œuvre. D’ailleurs, la productivité du travail baisserait peut-être encore plus fortement que le modèle ne le prévoit et les pressions à la hausse des salaires seraient très fortes.
Inflation : +7,9 points en 2027
L’application du programme de Jean-Luc Mélenchon doit aussi nous conduire à un taux d’inflation supérieur de 7,9 points en 2027, par rapport au scénario de référence. Une inflation forte et durable dont les conséquences sont difficilement prévisibles. L’une des conséquences de cette forte inflation sera une nouvelle augmentation du déficit du commerce extérieur : supérieur de 3,8 points à celui du scénario de référence en 2027 selon la simulation.
Dette : +5,5 points du PIB en 2027
Autre conséquence, cette inflation aura tendance à « rogner » une partie du poids de la dette (notamment l’encours de dette qui n’est pas indexée sur l’inflation), cette dette serait de l’ordre de 113% du PIB en 2027 avec un intérêt sur la dette qui atteindrait 167 milliards d’euros (soit un taux d’apparent sur la dette publique de 3,2% qui aurait doublé en 5 ans et serait supérieur de 1,6 point à son niveau du scénario de référence).
Pour le reste des finances publiques, l’application du programme de Jean-Luc Mélenchon induit des montants en jeu (supplément de dépenses publiques et de recettes publiques) très importants : de 200 à 250 milliards d’euros par an de dépenses supplémentaires, de 150 à 170 milliards d’euros de recettes supplémentaires (principalement sous forme de hausse de la fiscalité). Autant de changement qui devrait nous conduire à un déficit public qui atteindrait 10 points de PIB en 2027 (+7,2 points de PIB par rapport à son niveau du scénario de référence), à des dépenses publiques qui atteindraient 64% du PIB en 2027 (+12,3 points du PIB par rapport au scénario de référence) et à un taux de prélèvements obligatoires à 48% du PIB (5 points supérieur à celui du scénario de référence).
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