Evaluation économétrique des programmes d'Emmanuel Macron et de Marine Le Pen : les résultats
Grâce à un modèle économétrique universitaire, Nemesis, la Fondation iFRAP et Seureco Erasme ont procédé à la simulation de la mise en oeuvre des programmes d'Emmanuel Macron et de Marine Le Pen. Ces simulations des conséquences économiques des programmes sont confrontées à un scénario de référence, soit l'évolution de l’économie « au fil de l’eau » sans mise en place de réformes. Il en ressort que le programme d'Emmanuel Macron influence peu l'économie et reste très proche du scénario de référence tandis que le programme de Marine Le Pen doit conduire à une aggravation du solde public et de la dette publique bien plus conséquente. Seul indicateur où le programme de Marine Le Pen affiche une meilleure performance, la question des prélèvements obligatoires qu'elle baisse de -0,5 point à l'horizon 2027 et par rapport au scénario de référence contre une augmentation de +0,4 point pour Emmanuel Macron.
Attention aux agendas cachés et aux promesses électorales Il faut noter que l'évaluation économétrique a été modulée sur la base du programme qu'Emmanuel Macron défendait au 5 avril 2022. Or, depuis, le candidat a fait de nombreuses annonces qui n'étaient pas inscrites dans son programme initial : le recul de l'âge de départ à la retraite à 65 ans "n'est pas un dogme" (générateur de 9 milliards d'économies dans notre simulation), la réindexation des pensions sur l'inflation a été annoncée pour cet été (potentiellement 7 milliards de dépenses supplémentaires) et le président sortant pourrait annoncer prochainement la mise en place d'un 100% Santé sur l'orthodontie, la généralisation du tiers-payant intégral et le maintien du salaire systématique en cas d'arrêt de travail. La même problématique se pose pour le programme de Marine Le Pen qui n'aborde pas la question d'un "Frexit". |
Les deux candidats aggravent l'inflation
L'application du programme d'Emmanuel Macron influence peu le taux d'inflation par rapport à celui du scénario de référence tandis que le programme de Marine Le Pen doit nous conduire, en 2027, à un taux d’inflation qui serait supérieur de 0,5 à 1 point à celui du scénario de référence, ce qui représente un vrai risque pour la compétitivité de l’économie française.
Le programme d'Emmanuel Macron doit créer le plus d'emplois
Sur la question de l'emploi, il faut distinguer emplois marchands et emplois non marchands (administration publique, défense, éducation, santé humaine et action sociale) et retenir que la France se caractérise par une part de l'emploi non-marchand, en % de l'emploi total, très importante : 31,2% en France contre 27,1% en Allemagne et 24,7% en moyenne dans la zone euro (hors France).
Sur l'impact des programmes, les deux candidats améliorent le taux de chômage par rapport au scénario de référence : 5,5% pour Marine Le Pen, 6,4% pour Emmanuel Macorn contre 7% dans le scénario de référence. Une meilleure performance du programme de Marine Le Pen qui découle de son plan de recrutement d'agents publics (policiers, gendarmes, magistrats, effort de recrutement dans les armées, etc.)
Au final :
- Le programme de Marine Le Pen doit voir 379 000 emplois supplémentaires créés en plus (par rapport au scénario de référence) dont la création de 147 000 emplois dans le secteur non marchand (assimilé à de l'emploi public) et 232 000 emplois dans les secteurs marchands ;
- Le programme d'Emmanuel Macron, lui, doit voir 397 000 emplois supplémentaires (par rapport au scénario de référence) dont 300 000 dans les secteurs marchands et 97 000 dans le secteur non marchand (assimilé à de l'emploi public)
Croissance : positive pour Emmanuel Macron et négative pour Marine Le Pen
C'est le programme d'Emmanuel Macron qui doit avoir l'effet positif le plus important : en 2027, le PIB sera supérieur de +1,6% en écarts cumulés par rapport au scénario de référence en 2027 contre -0,7% en cas d'exécution du programme de Marine Le Pen.
Finances publiques : moins de détérioration pour Emmanuel Macron mais pas d'amélioration en vue
Via l'application du programme d'Emmanuel Macron, les dépenses publiques verraient leur poids légèrement augmenter (+0,3 point de PIB par rapport au scénario de référence) pour atteindre 52,5% du PIB. Le solde public, lui, atteindrait -2,5% en 2027 (soit 0,3 point de PIB d’amélioration par rapport au scénario de référence). Une amélioration du solde obtenue notamment grâce à un taux de prélèvements obligatoires (43,6%) qui serait supérieur de 0,5 point de PIB à son niveau du scénario de référence. Au final, le poids de la dette publique (107,2% du PIB en 2027) serait allégé de 0,4 point de PIB par rapport au scénario de référence. On peut ainsi conclure que les effets du programme d’Emmanuel Macron sur les finances publiques seraient légèrement positifs mais cela au prix d'une nouvelle augmentation des prélèvements obligatoires et sous réserve du respect du programme initial.
En parallèle, il apparait que les effets du programme de Marine Le Pen sur les finances publiques seraient négatifs. La mise en oeuvre de son programme doit aboutir à un taux de prélèvements obligatoires (42,7%) inférieur de 0,5 point de PIB à son niveau du scénario de référence... tandis que les dépenses publiques verraient leur poids augmenter de 1,4 point de PIB par rapport au scénario de référence pour atteindre 53,5% du PIB. Une absence d'équilibre qui doit conduire à une aggravation du solde public qui atteindrait -4,5% en 2027 (soit 1,7 point de PIB de détérioration par rapport au scénario de référence). Au final, le poids de la dette publique (112,5% du PIB en 2027) serait renforcé de 5 points de PIB par rapport au scénario de référence.
Commerce extérieur : les deux candidats aggravent le déficit
Le programme d'Emmanuel Macron ne permet aucune amélioration, voire une légère détérioration, sur le plan du commerce extérieur et de la compétitivité. Le déficit du commerce extérieur serait renforcé de 0,2 point de PIB par rapport à son niveau du scénario de référence. En suivant le programme de Marine Le Pen, la détérioration du déficit du commerce extérieur est plus grave puisqu'il serait renforcé de 0,4 point de PIB par rapport à son niveau du scénario de référence en 2027 pour atteindre -2,8% du PIB.
