Dérapages des dépenses publiques : le match des 3 derniers quinquennats
En France, les lois de finances et de financement de la sécurité sociale sont très souvent peu respectées. Les exécutions des budgets votés sont très souvent enfoncés, qu’il s’agisse d’une augmentation des dépenses (ce qui est quasi-systématique) ou d’un plus important ou plus faible encaissement des recettes publiques (en période de croissance ou de crise). Nous proposons d’en faire un bilan sur les trois derniers quinquennats (de 2008 à 2022). Tous ont eu à faire face à des crises graves : la présidence Sarkozy avec la crise des Subprimes, la présidence Hollande avec celle des dettes souveraines, la 1ère présidence Macron avec la crise du Covid-19 et le début de la guerre en Ukraine. Il en résulte que c’est le 1er quinquennat d’Emmanuel Macron qui a été le plus dépensier, près de 43,7 milliards d’euros de sur-dépenses/an par rapport à la budgétisation initiale contre +35,9 milliards d’euros de sur-dépenses/an pour Nicolas Sarkozy et +16,8 milliards d’euros/an pour François Hollande.
Si l’on se place maintenant hors périodes de crise, c’est le quinquennat de Nicolas Sarkozy qui apparaît le plus dépensier, avec +29,4 milliards d’euros/an de dépenses publiques en sus des lois financières votées, tandis que le quinquennat d’E. Macron serait le second avec +21,8 milliards d’euros/an et celui de François Hollande avec quasiment deux fois moins de sur-dépenses, soit +12,1 milliards/an.
Quinquennat de Nicolas Sarkozy | ||||||||
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2008 | 2009 | 2010 | 2011 | 2012 | Ecarts cumulés | Moyenne an | Moyenne/an hors crise | |
Ecart au solde public exécuté en Milliards d'euros (c)=(B-A) | -20,5 | -84,4 | 30,0 | 15,1 | -10,9 | -70,6 | -14,1 | 22,6 |
Dont contribution de l'écart en dépenses (A) | 43,1 | 48,2 | 25,4 | 33,4 | 29,4 | 179,5 | 35,9 | 29,4 |
Dont contribution de l'écart en recettes (B) | 22,6 | -36,2 | 55,5 | 48,5 | 18,5 | 108,8 | 21,8 | 52,0 |
Source : Calculs Fondation iFRAP décembre 2022.
Quinquennat de François Hollande | ||||||||
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2013 | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 | Ecarts cumulés | Moyenne an | Moyenne/an hors crise | |
Ecart au solde public exécuté en Milliards d'euros (c)=(B-A) | -23,8 | -7,9 | 14,0 | -9,8 | -5,9 | -33,4 | -6,7 | -2,4 |
Dont contribution de l'écart en dépenses (A) | 35,6 | 29,7 | -6,6 | 6,7 | 18,5 | 10,4 | 16,8 | 12,1 |
Dont contribution de l'écart en recettes (B) | 11,8 | 21,8 | 7,4 | -3,0 | 12,7 | 50,7 | 10,1 | 9,7 |
Source : Calculs Fondation iFRAP décembre 2022.
Premier quinquennat de Emmanuel Macron | ||||||||
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2018 | 2019 | 2020 | 2021 | 2022 | Ecarts cumulés | Moyenne an | Moyenne an hors crise | |
Ecart au solde public exécuté en Milliards d'euros (c)=(B-A) | 7,0 | -6,9 | -151,1 | -1,2 | -5,2 | -157,5 | -31,5 | -0,4 |
Dont contribution de l'écart en dépenses (A) | 10,4 | 4,9 | 69,9 | 50,1 | 83,1 | 218,3 | 43,7 | 21,8 |
Dont contribution de l'écart en recettes (B) | 17,3 | -2,0 | -81,2 | 48,9 | 77,9 | 60,8 | 12,2 | 21,4 |
Source : Calculs Fondation iFRAP décembre 2022.
Un premier bilan fait apparaître une sous-budgétisation importante des dépenses comparativement aux recettes en PLF durant toute la période, soit 15 ans. On voit à l’œuvre le déclenchement des stabilisateurs automatiques en cas de retournement de conjoncture, mais pas seulement. Les contributions positives des dépenses (moindres dépenses) à la réduction du déficit public ne se vérifient sur la période 2008-2022 que sur une seule année, en 2015. Au contraire, les recettes publiques contribuent positivement à la réduction du solde public à 10 reprises, même si le cumul des écarts est plus faible que celui des dépenses que l’on soit en crise (2009, 2012, 2020) ou en sortie de crise (7 autres occurrences).
2008-2012 | 2013-2017 | 2018-2022 | |
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Cumul des écarts en dépenses en Milliards d'euros | -179,5 | -84,0 | -218,3 |
Cumul des écarts en recettes en Milliards d'euros | 108,8 | 50,7 | 60,8 |
Cumul des écarts de solde public | -70,6 | -33,4 | -157,5 |
Source : Calculs Fondation iFRAP décembre 2022.
Cet exercice de retour sur la budgétisation française sur longue période permet de démontrer par les chiffres le principe de Keynésianisme hémiplégique à la française : alors que chaque budget est construit sur une prévision d’inflation, l’augmentation des dépenses en cours de gestion est généralisée en temps de crise, mais se poursuit encore en période de croissance à un rythme plus lent sans jamais de baisse en valeur (hors 2015) durant les 15 dernières années par rapport à l’enveloppe de budgétisation initiale. Le pilotage du solde public repose donc principalement sur la croissance et sur le dynamisme des recettes publiques (y compris fiscales) et non sur la compression des dépenses publiques.