Depuis 1974, les intérêts de la dette représentent 53% de l'endettement cumulé par la France
L’endettement public de la France est passé de 30,4 milliards d’euros en 1974 (14,5% du PIB) après un point bas atteint en 1972 (8,8% du PIB) à près de 3.101,4 milliards d’euros en 2023 (soit 110,6% du PIB). Les impacts cumulés des déficits publics récurrents depuis cette date – 1974 étant le dernier budget en équilibre (+0,1 point de PIB) explique la majeure partie du phénomène. Et si l’on effectue un cumul des intérêts versés au titre du service de la dette publique tout au long de la période 1974-2023 et que l’on part du principe que ces intérêts sont compris dans le déficit public, leur montant cumulé atteint 1.640,6 milliards d’euros en 2023... soit 52,9% de l’endettement total !
Effets des déficits publics cumulés et des charges d’intérêts sur l’encours de dette
Si l’on effectue un cumul des intérêts versés au titre du service de la dette publique tout au long de la période 1974-2023 et que l’on part du principe que ces intérêts sont compris dans le déficit public, leur montant cumulé atteint 1.640,6 milliards d’euros en 2023 soit 52,9% de l’endettement total. Les autres composantes cumulées des déficits publics enregistrés représentent 1.188 milliards d’euros (38,3%) tandis que les autres composantes de l’endettement public non liées au cumul des soldes publics passés (l’effet stock-flux) lié en particulier aux opérations financières au sens de Maastricht (comme des acquisitions d’actifs, qui n’ont pas d’incidence sur le solde public mais qui creusent l’endettement public) s’élèvent à 8,8% soit 273 milliards d’euros en 2023.
1974-2023 | ||
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En valeur | En % du total | |
Intérêts cumulés | 1640,6 | 52,9 |
Autres déficits publics | 1187,9 | 38,3 |
Autres composantes de l'endettement | 272,9 | 8,8 |
Total | 3101,4 | 100 |
Source : INSEE, calculs Fondation IFRAP
On peut en donner la représentation graphique suivante :
Effet des soldes publics cumulés sur l’endettement public par niveau d’administration
Il est également possible de décomposer la dette publique à raison de la contribution des différents sous-secteurs des administrations publiques à la formation du solde public et à son accumulation dans le temps. Nous avons pour cela retraité le compte de la CADES placée depuis 2011 au sein du périmètre des ASSO à a suite de la bascule en base 2005 pour le conserver au sein des ODAC comme cela était le cas depuis sa création en 1995. Cette modification permettant de mieux saisir la contribution du solde des administrations de sécurité sociale à l’endettement général (qui sinon aurait été minoré par l’effet comptable de la CADES et « mécaniquement reporté sur l’Etat).
Nous présentons les classements simplifiés selon 3 secteurs : APUC, APUL et ASSO. La présentation depuis 1974 apparaît comme la suivante :
Cette présentation permet d’isoler la contribution des soldes des secteurs des APU à l’endettement plutôt que l’endettement propre de chaque secteur. Nous rapprochons ces éléments de ceux fournis par l’INSEE (attention le traitement de la CADES est différent et classé au sein des ASSO) :
1974-2023 | ||||
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Présentation par soldes cumulés | En 2023 | |||
En valeur | En % du total | Répartition de l'endettement INSEE | En % du total | |
APUC | 2310,9 | 74,5 | 2 587,3 | 83,4 |
APUL | 164,2 | 5,3 | 250,4 | 8,1 |
ASSO | 342,6 | 11,0 | 263,7 | 8,5 |
Reste de l'endettement cumulé | 283,7 | 9,1 |
| |
APU | 3101,4 | 100,0 | 3 101,4 | 100,0 |
Source : INSEE, calculs Fondation IFRAP
On peut toutefois vérifier que l’endettement des APUL est beaucoup plus important que celui créé simplement au moyen de son solde. Le différentiel est de 86,2 milliards. Cela est cohérent dans la mesure où les collectivités territoriales dont les comptes sont équilibrés par construction (hors BA), s’endettent cependant pour financier leurs dépenses d’investissement. En revanche leurs satellites peuvent être déficitaires (CCAS, SDIS, caisses des écoles, Société du Grand Paris etc.).