Analyse des 47% de la dette publique française détenue par des étrangers
Fin 2022, 47 % de la dette publique française était détenue par des étrangers. C’est un peu plus qu’en Allemagne (41 %) et qu’en Italie (27 %). L’Italie a fait le choix d’une dette importante mais en la conservant largement « nationale ». Pour l’ensemble des principaux pays de la zone euro, le pourcentage de la dette publique détenue par des étrangers atteint 39 %. On peut ajouter que 23 % de la dette américaine est détenue par des étrangers, 29 % de la dette du Royaume-Uni et 14 % de celle du Japon.
On observe une baisse depuis quelques années de la part de la dette publique détenue par des non-résidents partout dans le monde. Ceci est en grande partie le résultat des politiques monétaires non conventionnelles menées par les Banques centrales depuis la crise des Subprimes. Les Banques centrales nationales se sont substituées aux détenteurs nationaux (notamment les banques), mais également aux détenteurs étrangers.
Les Banques centrales des principaux pays de la zone euro détenaient 2 % des dettes publiques de leurs pays fin 2007. Elles possèdent aujourd’hui 21 % des dettes publiques de leurs pays. La Banque du Japon possède 44 % de la dette publique japonaise (contre 9 % fin 2007), la FED (États-Unis) possède 19 % de la dette publique américaine (contre 9 % fin 2007). La Banque centrale d’Angleterre possède 33 % de la dette publique du Royaume-Uni (contre 0 % fin 2007).
Le fait qu’il y ait de moins en moins de dettes allemande et italienne peut apparaître risqué. Les non-résidents sont appétents pour la dette française (il y en a beaucoup et elle n’est pas jugée trop risquée). C’est ce qui peut expliquer la part relativement élevée de la dette publique détenue par des étrangers.
Si cette part a baissé, comme partout dans le monde, elle reste à un niveau relativement élevé. Les non-résidents détiennent environ 1 400 milliards € de dette publique française, que ceux-ci soient des entités officielles (Fonds souverains, BCE…) qui en détiennent 580 milliards €, des banques étrangères (135 milliards €) ou d’autres étrangers (680 milliards €).
Depuis 2015, la détention de la dette publique française par la Banque de France (+21 %) a fait presque autant diminuer la part détenue par les autres résidents (-8 %) que la part détenue par les étrangers (-12 %). On note par ailleurs, avant même l’action de la Banque de France, un recul lent, mais régulier de la part de la dette française détenue par les résidents (passée de 45 % en 2004 à 30 % en 2022). La détention par la Banque de France n’explique que la moitié de la chute de cette part.
Nous sommes plus proches de la situation allemande qu’italienne (la part de dette détenue par les étrangers demeure supérieure à celle détenue par les nationaux hors Banque centrale). La question des années à venir est la façon dont, avec le recul de la part détenue par les Banques centrales, vont évoluer les parts de dette détenues par les étrangers et nationaux (hors banques centrales).
La dette publique détenue par la Banque de France Avec la mise en œuvre d’une politique monétaire non conventionnelle par la BCE, la Banque de France a acquis une part importante de la dette négociable sur le marché secondaire depuis 2015. À la fin du second trimestre 2023, l’encours de titres de dette publique détenue par la Banque de France atteignait 719 milliards €. La dette publique détenue par les non-résidents (détails pour la France) Début 2022, les non-résidents détenaient 48 % de la dette négociable de l’État à long terme (948 milliards € de dette à moyen et long terme détenue par les non-résidents) et 78 % de la dette négociable de l’État à court terme (122 milliards €), soit 47 % de l’ensemble de la dette négociable de l’État, pour un total de 1 070 milliards €. |