2023 : encore 21 milliards de plus de dépenses publiques
Entre 2018 et 2022, lors du premier quinquennat d'Emmanuel Macron, l'augmentation moyenne des dépenses publiques hors crédits d'impôts aura été de 47,4 milliards d'euros, par an. Un record. Contre 18 milliards par an sous le présidence de François Hollande et 33,2 milliards sous celle de Nicolas Sarkozy. Aujourd'hui, le programme de stabilité 2022-2027 prévoit une augmentantion moyenne sur le prochain quinquennat de 34,1 milliards d'euros.
Une augmentation de la dépense publique de 213 milliards d’euros depuis 2019
Le doute sur l’évolution prévisible des dépenses publiques est permis lorsque l’on regarde rétrospectivement les écarts constatés ces dernières années entre le niveau de dépenses publiques voté en LFI et en exécution. Bien entendu en 2020 et au-delà, la crise du Covid et la crise économique liée a laissé des traces. Elles devraient se poursuivre avec la crise ukrainienne dans les années à venir. Notons que seule l’année 2019 a été fidèlement exécutée : 1.306,8 milliards d’euros en LFI 2019 contre une exécution de 1.306 milliards d’euros.
Présentation de la chronique des dépenses publiques hors crédits d’impôts jusqu’en 2027
2019 | 2020 | 2021 | 2022 | 2023 | 2024 | 2025 | 2026 | 2027 | |
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Dépenses publiques Totales % du PIB | 55,4 | 61,4 | 59,0 | 57,9 | 56,1 | 55,7 | 55,2 | 54,5 | 53,9 |
Dépenses publiques Totales en Mds € | 1 349,3 | 1 418,6 | 1 475,6 | 1 519,0 | 1 539,4 | 1 578,9 | 1 616,4 | 1 648,5 | 1 685,8 |
Dépenses publiques hors C.I. % du PIB | 53,8 | 60,6 | 58,4 | 57,3 | 55,5 | 55,2 | 54,7 | 54,1 | 53,5 |
Dépenses publiques hors C.I. Mds € | 1 311,1 | 1 399,8 | 1 460,0 | 1 504,0 | 1 524,0 | 1 564,7 | 1 601,7 | 1 636,4 | 1 673,3 |
Clés en crédits d'impôts pt de PIB | 1,6 | 0,8 | 0,6 | 0,6 | 0,6 | 0,5 | 0,5 | 0,4 | 0,4 |
Clés en crédits d'impôts en Mds € | 38,2 | 18,8 | 15,7 | 15,0 | 15,4 | 14,2 | 14,6 | 12,1 | 12,5 |
Note: Les lois de finances initiales 2020, 2021 et 2022 figurent respectivement en jaune, gris et bleu.
Les écarts entre les LFI et leur exécution sont importants : +71,7 milliards d’euros en 2020 (confinement, mesures d’urgences et de soutien), +54 milliards d’euros en 2021 (prolongation des mesures d’urgence et de relance) et même +64,3 milliards d’euros en 2022 (avec la mise en place de mesures exceptionnelles de pouvoir d’achat et de lutte contre l’inflation).
Le DOFP 2023[1] donne une première image des dépenses publiques consolidées (nettes des flux inter-administration et des crédits d’impôts) :
2019 | 2020 | 2021 | 2022 | 2023 | Var 23-22 | Var 23-19 | |
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Dépenses publiques totales hors C.I. en milliards d’euros. | 1 311,1 | 1 399,8 | 1 460,0 | 1 503,0 | 1 524,0 | 21,0 | 212,9 |
Dépenses APUC | 438,9 | 491,3 | 521,9 | 539,0 | 528,0 | -11,0 | 89,1 |
dont Etat | 364,9 | 408,5 | 440,9 | 450,3 | 435,1 | -15,2 | 70,2 |
dont ODAC | 74,0 | 82,8 | 81,1 | 88,7 | 92,9 | 4,2 | 18,9 |
Dépenses APUL | 266,5 | 264,1 | 275,0 | 289,0 | 298,0 | 9,0 | 31,5 |
Dépenses ASSO | 605,6 | 644,4 | 663,1 | 675,0 | 698,0 | 23,0 | 92,4 |
Note : DOFP 2023 et Calculs de la Fondation iFRAP septembre 2022
On constate qu’entre 2019 et 2023 la dépense publique augmenterait de 213 milliards d’euros, dont +89 milliards pour les administrations centrales, 31,5 milliards d’euros pour les administrations locales et 92,4 milliards pour les administrations de sécurité sociale.
Le plus surprenant étant qu’entre 2022 et 2023 seule la dépense des administrations centrales baisserait (-11 milliards d’euros), portée par une baisse de 15,2 milliards d’euros au niveau de l’Etat et par une augmentation des dépenses des ODAC (opérateurs) de +4,2 milliards d’euros. A date, il n’est aucunement fait mention d’une telle contrainte dans les crédits budgétaires affichés publiés par le Gouvernement, sauf à penser que l’augmentation de 14,5 milliards d’euros de crédits budgétaires envisagés, l’est par rapport à la LFI 2022 qui ont l’a vu plus haut a été très largement enfoncé.
Une perspective jusqu’en 2027 marquée par une contrainte inédite de la dépense
Si l’on met les 3 derniers quinquennats en perspective avec celui qui commence, la séquence peut être résumée comme suit :
| 2008-2012 | 2013-2017 | 2018-2022 | 2023-2027 |
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Augmentation moyenne des dépenses publiques hors C.I./an | 33,2 | 18,0 | 47,4 | 34,1 |
Note : INSEE et Programme de stabilité 2022-2027
Là encore, la dépense publique serait beaucoup plus maîtrisée dans son évolution nominale qu’au cours du quinquennat précédent, revenant dans la moyenne de celle du quinquennat de Nicolas Sarkozy, sans pouvoir atteindre la maîtrise inédite affichée par le quinquennat de François Hollande. Une dépense qui serait par ailleurs marquée par une certaine rigidité à cause des lois de programmations pluriannuelles en cours de déploiement ou de réorientation : loi de programmation de la recherche et de l’enseignement supérieur, projet de programmation de la justice après ses états généraux, Ségur de la santé, loi de programmation militaire et réorientation à prévoir jusqu’en 2030, projet de loi de programmation du ministère de l’intérieur (LOPMI) etc.
Précisons qu’une partie non négligeable de l’augmentation de ces dépenses sera liée à la charge de la dette publique, dont la prévision atteint les 65,7 milliards d’euros en 2027[2] (soit une augmentation de +19,4 milliards par rapport à 2022.
Une modération qu’il semble difficile à tenir dans le temps sauf si des mesures puissantes d’économies sont prises et des réformes structurelles menées à terme (réforme des retraites, réforme de l’assurance chômage, copilotage avec les collectivités territoriales etc.).
[1] https://www.budget.gouv.fr/documentation/documents-budgetaires/exercice-2023
[2] https://www.ifrap.org/budget-et-fiscalite/en-6-mois-la-charge-de-la-dette-de-letat-2022-depasse-deja-celle-de-tout-2021