Et si on travaillait 7 milliards d’heures en plus, comme la moyenne de la zone euro ?

Alors que le Premier ministre Lecornu vient d’annoncer qu’il renonce à supprimer deux jours fériés, le sujet d’augmenter le volume des heures travaillées et le taux d’emploi en France ne doit pas disparaître du débat public. Si la France avait le taux d’emploi de ses voisins européens, alors nous aurions 4,9 milliards d’heures travaillées en plus chaque année. Et même 7 milliards d’heures par an si on se cale sur la moyenne des heures travaillées dans la zone euro. Cela supposerait qu'un million de personnes bénéficiaires du RSA soient en emploi, 1,3 million de personnes indemnisées au chômage soient en emploi, qu’environ 200 000 retraités soient toujours actifs… Par ailleurs, les salariés du marchand devraient travailler environ 43 heures de plus par an, tandis que les salariés du secteur public devraient travailler 126 heures de plus par an. Cela aurait indéniablement un effet bénéfique sur nos finances publiques. Entre les recettes de prélèvements obligatoires supplémentaires et les dépenses publiques en moins, on pourrait alors avoir environ 50 milliards d’euros de déficit public annuel en moins. Travailler plus nombreux, plus et plus longtemps est un élément clé du redressement de nos finances publiques et de notre économie. Si l'on s'aligne sur nos voisins européens, les économies sur le chômage, le RSA et les régimes de retraite seraient de 28.4 milliards (temps complet et temps partiel) et de 26.11 milliards d’euros (que des temps complets).
Trois facteurs expliquent cette différence d’heures travaillées, le plus important étant bien évidemment le taux d’emploi français (68.8%) comparé à la moyenne de l’UE (75.9%). Cela représente une perte de plus de 4.9 milliards d’heures travaillées pour la France. Vient ensuite l'âge de départ à la retraite en moyenne plus bas en France que chez nos voisins européens. En effet, dans les pays de l’Union européenne, le départ à la retraite est fixé aux alentours de 65 ans en moyenne, là où en France, il est à 64 ans. Cette situation fait perdre à la France un total de plus de 283 millions d'heures travaillées. Enfin, la différence entre le nombre d’heures effectivement travaillées explique le reste de l’écart. En France, les salariés du secteur marchand travaillent en moyenne chaque année 1476 heures contre 1519 dans l’UE. Les salariés du secteur non-marchand français travaillent en moyenne 1231 heures contre 1357 heures dans l’UE. C’est une perte de 1.873 milliard d’heures travaillées pour la France.
Si on alignait la France sur les indicateurs de la zone euro
Indicateurs Zone Euro | France | Nombre d'heures ajoutés (en millions) | |
Taux d'emploi | 75,9% | 68,8% | 4894 |
Retraite | 65 ans (64 ans) | 64 ans | 283 |
Salarié marchand | 1519 | 1476 | 822 |
Salarié non-marchand | 1357 | 1231 | 1051 |
Non-salarié marchand | 2060 | 2523 | 0 |
Non-salarié non-marchand | 1647 | 1829 | 0 |
Total | 7050 |
Ces heures de travail supplémentaires devraient permettre la création d’un grand nombre d'emplois en France. Sur les 4.9 milliards d’heures supplémentaires pour s'aligner sur nos voisins européens par exemple, avec un nombre d'heures effectif de 1509 heures (en s'alignant en terme de temps complet et de temps partiel, tous secteurs confondus), c’est environ 3 243 207 postes qui peuvent être créés. Avec un stock de 2.39 millions de chômeurs (dont 652 000 jeunes NEET, c'est à dire ni en emploi, ni en étude ni en formation), 1.849 million de personnes au RSA (en ne prenant pas en compte ici ceux qui cumulent RSA et chômage, comptabilisés dans la catégorie des chômeurs), 582 000 NEET, 643 000 personnes entre 25 et 49 ans et 305 000 personnes âgées de plus de 50 ans dans le halo du chômage, nous obtenons la répartition suivante, en faisant l’hypothèse que les postes se répartissent proportionnellement à la part d’individus dans le total du stock de chaque catégorie :
Il y aurait environ 972 962 postes pour les chômeurs de plus de 25 ans et 356 753 postes pour les chômeurs âgés entre 15 et 24 ans. Il y aurait 1.037 million de postes pour les bénéficiaires du RSA, 324 321 postes pour les NEET dans le halo du chômage, 356 753 postes pour les personnes de 25 à 49 ans dans le halo du chômage et enfin 171 890 postes pour les seniors (+ 50 ans) dans le halo du chômage.
Pour les jeunes retraités (ceux partis de moins de 65 ans) soit 2.2 millions d’individus, il faudrait que 187 541 d’entre eux retournent au travail (temps plein et temps partiel confondu).
Les salariés du marchand devraient travailler environ 43 heures de plus par an.
Les salariés du non-marchand devraient travailler 126 heures de plus par an.
Uniquement temps complet
En faisant l’hypothèse que les métiers proposés soient tous à temps complet, le nombre d’heures effectif passerait à 1673 heures (toujours l’un des plus bas de l’Union européenne).
- Il y aurait environ 877 585 postes pour les chômeurs de plus de 25 ans et 321 781 postes pour les chômeurs âgés de 15 à 24 ans. Il y aurait 936 091 millions de postes pour les bénéficiaires du RSA, 292 528 postes pour les NEET dans le halo du chômage, 321 781 postes pour les personnes de 25 à 49 ans dans le halo du chômage et enfin 155 040 postes pour les seniors (+ 50 ans) dans le halo du chômage.
- Pour les jeunes retraités, si les postes sont exclusivement à temps plein, c’est 169 157 personnes qui devraient travailler un an de plus.
Économies réalisables
Pour les personnes au RSA, les économies pourraient atteindre 6.9 milliards d’euros (temps complet/temps partiel) et 6.2 milliards pour seulement des temps complets.
Pour les chômeurs NEET, les économies réalisées s'élèveraient à environ 4.8 milliards d'euros, et pour le reste des chômeurs, les économies s’élèveraient à 13 milliards d’euros pour du temps plein et du temps partiel. Pour uniquement des postes en temps plein, les économies des chômeurs NEET seraient de 4.35 milliards d’euros et celles du reste des chômeurs, de 11.86 milliards d’euros.
Pour les retraites, les économies pourraient atteindre jusqu’à 3.7 milliards d’euros (temps partiel et temps complet réunis), et 2.28 milliards pour seulement des temps complets.
En résumé, les économies sur le chômage, le RSA et les régimes de retraite seraient de 28.4 milliards (temps complet et temps partiel) et de 26.11 milliards d’euros (que des temps complets).
Tableau récapitulatif des économies et des postes
| Heures effectives = 1509 | Heures effectives = 1673 | ||
Catégorie | Nombre d'emploi (en millier) | Économies | Nombre d'emploi (en millier) | Économies (en milliard €) |
Chômeurs (+25ans) | 972 962 | 13 | 877 585 | 11,86 |
Chômeurs NEET | 356 753 | 4,8 | 321 781 | 4,35 |
Halo du chômage (15 à 24 ans) | 324 321 | 0 | 292 528 | 0 |
Halo du chômage (25 à 49 ans) | 356 753 | 0 | 321 781 | 0 |
Halo du chômage (+50 ans) | 171 890 | 0 | 155 040 | 0 |
Retraités | 187 541 | 3,7 | 169 157 | 2,28 |
RSA | 1 037 000 | 6,9 | 936 091 | 6,2 |
Total | 3407220 | 28,4 | 3073963 | 24,69 |
Note :
- Un chômeur moyen coûte à l’année 13 515 euros
- Une personne au RSA coûte en moyenne 6 649 euros par an.