Arrêtons de dire que les Français ne sont pas prêts pour les réformes : ils le sont !

Contrairement à ce que pourraient laisser croire les blocages des 10 et 18 septembre, les Français sont majoritairement convaincus de l’importance de réduire l’hémorragie de nos dépenses publiques, argumente la directrice de la fondation iFrap à la lumière d’un sondage réalisé en partenariat avec Odoxa.
Cet article a été publié le 20 septembre 2025 dans le journal Le Figaro |
La France vient de vivre encore une journée de blocage dans les services publics jeudi dernier, et le mot d’ordre était clairement la lutte, encore et encore, contre la baisse des dépenses publiques et contre, évidemment, des économies dans le budget 2026. En filigrane, on comprenait que les manifestants étaient pour toujours plus de taxes et toujours plus de dépenses publiques. En réalité, ce ne sont pas des personnes représentatives de la majorité des Français qui bloquent la France et empêchent leurs concitoyens de se rendre à leur travail ou à l’école, mais une minorité. La fracture est nette : 18,4 % des agents publics sont syndiqués, contre seulement 7,8 % des salariés du privé.
On comprend qui manifeste contre la baisse des dépenses et pour la taxation des riches (c’est-à-dire les autres) : majoritairement ceux qui sont payés sur fonds publics ! Les chiffres cités de la mobilisation sont éloquents : 17 % dans l’Éducation nationale, 11 % dans la fonction publique d’État, 5,6 % dans la fonction publique hospitalière et la fonction publique territoriale. On ne parle d’ailleurs quasi nulle part de la mobilisation dans les entreprises privées car il n’y en a pas…
Un problème de dépenses publiques
C’est d’ailleurs à une offensive incroyable pro-taxe des entreprises et des entrepreneurs à laquelle nous assistons, ahuris, ces derniers jours, alors que nous savons tous que la France n’a pas un problème de recettes fiscales, mais un problème de dépenses publiques. Pourtant, la grande majorité silencieuse des Français a compris, elle est prête pour la baisse de dépenses et les réformes de la France, y compris au sein du secteur public. À la demande de nombre de nos concitoyens excédés de voir la parole capturée toujours par les mêmes, la Fondation iFrap a réalisé un grand sondage avec Odoxa avec une vingtaine de questions et les résultats sont édifiants. Oui, les Français sont prêts pour les réformes. Il y a chez nos concitoyens un changement radical d’attitude face aux problématiques de finances publiques.
Les réponses des Français à notre sondage sont éloquentes : 77 % des Français se disent « préoccupés » par la situation de la dette et des déficits, soit une hausse de 13 points en un an ! Cette inquiétude transcende les clivages sociaux et politiques, touchant aussi bien 80 % des cadres que 70 % des ouvriers, 86 % des sympathisants de droite et 67 % de ceux de gauche. Plus de six Français sur dix considèrent que notre dette publique fait de la France « un pays proche de la faillite » et redoutent une mise sous tutelle du FMI, à l’image de la Grèce ou du Portugal.
Et ce n’est pas tout ! Pour améliorer la situation financière du pays, 82 % des Français préfèrent la baisse des dépenses publiques plutôt que la hausse des impôts. Et ce, qu’ils soient sympathisants de droite à 92 % ou de gauche à 63 %, dont 60 % chez LFI. Dans le détail, 63 % des Français approuvent la réduction du nombre de fonctionnaires. Point remarquable : 51 % des agents du secteur public soutiennent la réduction du nombre de fonctionnaires. Sur le sujet du statut des agents, et même s’ils sont moins enthousiastes que les salariés du privé (75 %), 53 % des salariés du public sont maintenant pour la fin de l’emploi à vie pour les nouveaux agents du secteur public ! Par ailleurs, 66 % des Français sont pour que les primes actuellement versées tous les mois aux agents publics soient transformées en primes de présentéisme. Parallèlement, 74 % veulent supprimer des collectivités territoriales, considérant le « millefeuille » territorial comme excessif. 78 % de nos concitoyens ont bien compris que les normes sont trop nombreuses en France et 77 % estiment que cela pénalise l’activité économique de la France.
Un plafond pour les aides sociales
Au niveau des dépenses sociales, 72 % des Français sont favorables à la mise en place d’un plafond pour l’ensemble des aides sociales sous critères de ressources existantes (RSA, allocations logement, prime de rentrée scolaire…) en dessous de 1 500 euros par mois et par foyer. Nos compatriotes sont aussi favorables à 61 % à l’idée de soumettre les minima sociaux à l’impôt sur le revenu au même titre que les salaires. 77 % sont pour l’idée de réserver ces aides sociales aux personnes résidant en France depuis plus de cinq ans. 57 % soutiennent une application stricte de la franchise médicale de 4 euros sans remboursement possible pour les transports sanitaires. 66 % des sondés sont aussi pour que la dégressivité des allocations chômage ne s’applique pas seulement aux cadres, mais à tous les allocataires de l’assurance-chômage.
Nos concitoyens sont aussi favorables à ce que les bénéficiaires de l’AME ne bénéficient plus du tiers payant, mais avancent leurs frais médicaux. Il n’y a que sur les retraites qu’ils ne sont pas prêts à repousser l’âge de départ à la retraite à 66 ans. À plus de 60 %, ils préfèrent payer plus de charges sociales ou de CSG. Et on veut nous faire croire par tous les moyens que les Français sont contre les économies, contre les réformes, contre le rééquilibrage de nos comptes publics ? La vérité, c’est qu’ils ont très bien compris l’urgence de la situation, craignent l’iceberg de la dette qui se rapproche de nous, et qu’ils sont très majoritairement pour agir concrètement pour réduire l’hémorragie de nos dépenses publiques. Sur une question plus politique, mais qui en dit long, nos concitoyens sont d’ailleurs 72 % à souhaiter un gouvernement d’entrepreneurs et de dirigeants d’entreprises. Les Français ont bien compris que les politiques, syndicalistes et autres qui ont pignon sur rue pour réclamer plus d’impôts tous azimuts bloquent de facto les réformes. Pendant que l’enfumage fiscal continue pour nous faire perdre le fil de l’urgence de la baisse des dépenses, nos concitoyens attendent, eux, qu’on comprenne qu’ils sont prêts. Jusqu’où allons-nous attendre avant d’agir ?